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La faiblesse de mon humanité page publique
Une insomnie. On fouille dans de vieux cartons. Et on retrouve ce que l’on avait oublié, ou tout simplement ce que l’on ne cherchait pas. Des dizaines de vieilles feuilles griffonnées, d’une écriture juvénile. Combien ? 100, 200, peut-être plus, ou moins. Je ne sais pas. Le cahier s’effrite entre mes doigts et chaque page révèle des secrets que je suis seule à pouvoir saisir pleinement. L’élucubration adolescente. Une effusion de sentiments et ses rites initiatiques.
Six années de ma vie dans ces feuilles. La rage et le désespoir étaient déjà là ; sous cette écriture fébrile et maladroite. Tant de changements. Et pourtant la sensibilité primaire reste inchangée.
Je peine à écrire aujourd’hui alors que j’en ai tant besoin. Si tôt écrit, je voudrais effacer chaque mot. Mais je m’en sens également incapable. Dois-je me complaire de ma propre médiocrité ?
Si seulement Tu pouvais entendre ce que je ne prononce ni n’écris. Ce qu’aucun mot n’est capable de retranscrire. C’est cette musique qui est seule capable d’exprimer ce que je ressens. Ce que je découvre. Ce que je comprends. Elle me parle comme Tu ne seras jamais capable de me parler. Elle déchire mon cœur, mes sens et mon âme jusqu’à me rendre à cet état nauséeux. Orgasmique. Compulsif ? Une parfaite béatitude de tout mon être.
Je dialogue avec elle comme j’en suis rarement capable. Ou plutôt avec moi. Tant chaque sonorité s’insinue en moi pour s’approprier la totalité de ma personne.
Je me sens vide et débordée. Quand on ne sait plus vraiment ce que l’on ressent. Ce paradoxe me bloque et m’empêche d’avancer, mais comment le contrer ?
Que penser de Toi ? Partir et oublier. Faire tant d’efforts que tu ne saisiras jamais. J’aurais évidemment dû le faire plus tôt.
Te prévoir.
Je peux toujours essayer de me rassurer. Me dire que Toi qui es le moteur de ma volonté, tu n’es qu’un prétexte à l’autre Toi. Celui que je ne connais pas encore.
Illusion présente ou prémisse futur ? Voilà bien la base de tout ce qui régit mon état psychologique. Choisir l’un ou l’autre peut tout changer. Je crois que je n’arrive décidemment pas à être optimiste avec ma seule personne.
Je sens le danger se rapprocher et je suis en alerte. On dirait que j’aime jouer avec un fil suspendu dans le vide. Et je laisse le piège se refermer sur moi. Je suis responsable. En partie. J’ai peur de présumer de mes forces et de ma capacité. Je l’ai laissé venir et s’approcher. Non. Je mens. Je le sentais depuis le début et j’ai essayer de canaliser la situation. Pourquoi est ce que je cherche toujours à me rapprocher du danger, de l’ennemi, de la situation inconfortable ? Pour mieux la mesurer ? La contrôler ?
Je préfère savoir que d’ignorer. Et il est impossible de reculer aujourd’hui. Il me reste encore quelques mois, quelques semaines avant la confrontation redoutée.
Regarde moi et lis dans mes yeux Ă quel point je peux te haĂŻr. Parfois.
Je m’en veux pourtant. Je ne suis pas Elle. Je ne tiens pas ce stylo. Je n’écris pas ces mots. Qui suis-je ? Qui est Elle ?
J’ai du mal à réaliser que je sois capable de ressentir tant de sentiments négatifs.
Ferme les yeux et regarde moi. Encore. Effleure ma peau, juste assez pour sentir la chaleur de ta proximité. Et laisse moi partir.
Perdue.
Lundi. 2h57.
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