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L'attente page publique
La première semaine s’avère donc sans grande émotion. Juste beaucoup de curiosité. Je passe une réunion entière à le regarder. Lui ne semble pas me voir. Tant mieux, je peux détailler chaque détail de son visage, qu’il regarde ailleurs. Le son de la voix du médecin devient un fond sonore, et puis j’ai déjà entendu tout ce blabla en cours. Il a donc des yeux magnifiques. Une bouche masculine comme j’aime. Et quand il met cette chemise là, ça m’achève.
S’entame la deuxième semaine. Re-réunion, il faut bien que je m’occupe. Il est là pil poil dans mon champ de vision. Ce coup-ci, nos regards se croisent à plusieurs reprises. A l’extérieur, j’aurais joué la femme fatale qui a confiance en elle, mais là je perds simplement mes moyens. Impossible pour moi de soutenir son regard. Ça me trouble trop. Mon cœur s’emballe. Je me sens rougir alors que jamais je ne rougis. Ma gorge se serre quand je l’approche. Bon sang, je déraille…
Et je découvre alors l’homme qui se cache derrière ces yeux. Mise en place du groupe de parole auquel il participe. Il s’assied en face de moi. Arf. Non, pas là. Cette fois-ci, si je le regarde, c’est beaucoup moins discret, on est quand même vachement moins nombreux ! je regarde tout sauf lui : le plafond, mes pieds, les autres,… je le vois juste du coin de l’œil me regarder parfois oui. Je ne veux pas savoir de toute manière. Juste peur que l’infirmière sente qu’il m’attire, j’y perdrai ma place.
Quand il parle, il parait si simple, si authentique. J’apprends beaucoup sur lui. Envie de pleurer parfois. Et l’envie de l’aider grandit en moi chaque jour. Et puis nos regards se croisent de plus en plus. Et puis je n’ai plus peur de l’affronter. Et l’effet que cela me procure me rend simplement dans un état proche du chamallow émotionnel. Il me plait, vraiment, c’est officiel, je ne peux plus rien contrôler. Troisième coup de massue ! ça commence à faire beaucoup…
Envie de le toucher. De le prendre dans mes bras et de lui dire que tout ira bien si je suis là. Envie de lui dire que je serai justement là quoiqu’il arrive, qu’il pourrait m’appeler à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit si ça n’allait pas. Je veux lui dire que la vie à mes côtés est douce et pleine de bonnes surprises. Je veux lui montrer tous ces petits plaisirs additionnés à ma compagnie. On se retrouve à plusieurs reprises assis l’un a coté de l’autre. Je bouillonne. Mon corps me dit tout haut ce que je pense tout bas. Je ne peux plus nier ce sentiment interdit si bon qui grandit en moi. C’est bizarre, cela semble le perturber aussi. Mais bon, je peux m’emballer aussi ! Cela n’excite pas tout le monde d’être à 20cm d’une personne sans bouger… je me revois au primaire, ou collège, à essayer de trouver la moindre excuse juste pour me dire que je lui plais surement aussi. Je deviens pathétique ! Plusieurs fois, j’écris un texto sans l’envoyer au dernier moment. Attend Florie, encore un peu. Attend qu’il sorte. Vous allez partir à peu près en même temps de toute manière. Mais si tu tentes un truc et que ça n’est pas réciproque, tu devras te cacher pour le restant du stage.
Troisième semaine, j’arrive lundi matin. J’apprends qu’il a fait cette bêtise le weekend. Je culpabilise alors finalement de pas les avoir envoyé ces textos. J’aurais peut être pu être là. Et là, je me dis que vraiment je pète les plombs. S’en suit la semaine remplie de battements de cœur plus rapides les uns que les autres ! je crois ne plus rêver, oui il me regarde aussi. Je crois de moins en moins me tromper. Il a des choses qu’on sent, tout de même ! Les groupes de paroles s’enchainent encore. Ce qu’il dit me touche toujours autant, si ce n’est de plus en plus. J’ai envie de lui parler, des heures et des heures, mais je dois rester là silencieuse.
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