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comment ne pas être une mère parfaite 1 page publique
Le devoir d’une mère est assez clair, précise Libby Purves, dans son livre, voici le résumé :
Les mères, nous le savons toutes, sont des figures sacrées. Ce sont des saintes, à la fois douces, Aimantes et attentives, qui savent faire preuve d’abnégation. Elles sont toujours là . Leur sein est tendre, et leur patience infinie. Une mère ressemble au pélican de la légende, qui s’entrouvre la poitrine pour nourrir se petits. Toute mère sacrifierait sa vie pour son enfant… Bon d’accord, ce n’est pas faux. Je suis une mère, et moi aussi, je sacrifierais ma vie pour mes enfants. Mais je ne vois pas pourquoi je le ferais tous les jours. Sous l’habit de la mère se trouve un être ordinaire et maussade. On ne sait malheureusement pas encore fabriquer sur commande des saintes qui sacrifient en toute sérénité. N’importe quelle femme aventurière, insouciante, égoïste, risque fort de se retrouver coiffée d’une auréole de mère. Et le fait de passer d’un égoïsme sain au statut d’ange maternel ne va pas sans douleur. C’est un peu comme si un papillon essayait de retourner dans sa chrysalide. C’est de cette transition Que parle « Libby Purves ». La nature n’est pas innocente dans tout ça. Au début, on est tenté par l’image du parfait pélican. A la naissance de notre enfant, la femme moyenne devient maladivement altruiste. Le nourrisson est là , dans son berceau en bois, et l’hypnotise de ses yeux tout ronds. Même si elle a mal partout, si la tête lui tourne, elle se soumettra à la volonté de son bébé, oubliant sa fatigue pour satisfaire ses exigences, lui, pendant ce temps, est tout occupé à téter, il décide de ses heures de sommeil sans en référer à quiconque, mouille ses couches quand ça lui chante et se nourrit de façon excentrique (trois tétées en une heure) et puis plus rien pendant des lustres. Placez le moindre obstacle sur le chemin de son inexorable volonté, et il se met à hurler avec vigueur soigneusement calculée, qui lui vaut une obéissance maternelle immédiate. Il exige qu’on lui fasse la causette au beau milieu de la nuit, mais il s’endort comme un malotru quand grand-mère lui chante sa plus belle berceuse. Il n’a ni manières ni considération ni sens des responsabilités. Il se contente de grandir. Face à ce tyran, vous lâchez tout et vous vous laissez mener à la baguette, toute au service du bébé, oubliant que vous avez un jour pu avoir des envies bien à vous. Au début, c’est normal. Dans les premiers mois qui suivent la naissance, ne vous attendez pas à faire plus que survivre. C’est à peine si, de temps en temps, vous pourrez siroter un verre en paix devant la télévision. Le problème, c’est que cette négation de soi a tendance à devenir une habitude, renforcée par l’image sentimentale que les mères se font de la maternité. Il est raisonnable d’allaiter à la demande ; mais il l’est beaucoup moins de continuer jusqu’à ce que vos chers chérubins aient dix-huit ans, de faire le ménage après leurs fêtes ou de leur prêter votre voiture tous les samedis soir. Dés le début, les mères en font trop. Elles quittent leurs maison par moins cinq, flanqués d’enfants emmitouflés comme des esquimaux, mais trop préoccupées pour songer à enfiler leur propre manteau. Elles s’interrompent toutes les dix secondes pour moucher un nez ou répondre à une petite voix insistante. Elles font des kilomètres à pied dans le vent pour acheter une dernière trouvaille (ça m’est arrivé une fois). Après quelques années de régime, elles se retrouvent fagotées comme des clochardes et se répandent en excusés devant n’importe qui. Car les mères les plus radicalement altruistes, celles qui n’ont pas de satisfactions propres, sont souvent celles qui se sentent les plus coupables et les plus déprimées. On tire pourtant d’énormes satisfactions à être parent. C’est amusant de voir grandir un enfant, de lui sourire, de lui parler et d’inventer des tas de petits jeux insensés avec des vieux bouts de tuyau et des seaux remplis de sable. Mais c’est aussi un boulot dingue. Et pas moyen de s’y soustraire. Il arrive même que certaines nourrices chevronnées fondent en larmes après leur premier enfant, quand elles comprennent que désormais c’est pour la vie. Une mère peut travailler jusqu’à dix-huit heures par jours, et même plus, si elle se laisse faire. Mais pourquoi se laisser faire ? Pourquoi ne pas chercher à gagner du temps quand c’est possible ? Ça ne fait de mal à personne. Pourquoi ne pas soumettre de temps en temps le bébé au rythme qui vous arrange ? Les saintes n’ont-elles pas elle aussi le droit de se reposer ? Ce livre explique comment les vraies mères, qui sont loin d’être infaillibles, boucles réellement leur journées. Il existe de quantités de manuels spécialisés sur le marché. Certains sont excellents, d’autres, le fait de donner le bain à un enfant devient une entreprise aussi compliquée que de démonter un moteur d’avion de chasse. Tous ou presque ont un ton perfectionniste, ce livre est tout le contraire (je l’ai lu) il explique comment gagner du temps en restant de bonne humeur et sans Se sentir coupable. Il va sans dire qu’il faut s’occuper correctement des enfants. C’est même dur de faire autrement quand le moindre glapissement de peur, la moindre lèvre qui tressaille, vous font vibrer de compassion. Mais en rusant un peu vous reprendrez possession de votre vie sans que votre enfant en pâtisse. Dans l’armée, les troufions savent ça depuis toujours. La guerre est certes une chose nécessaire, il arrive même qu’on y laisse sa vie, mais il y a toujours moyen de s’arranger, d’avoir du rab de chocolat, ou d’envoyer quelqu’un faire la corvée de patates à votre place pendant que vous piquez un roupillon derrière la cantine. Le tout est de savoir s’arrêter à temps, mais on parvient toujours à contourner le règlement. Passé du rôle de sainte à celui de sergent, quelle déchéance pour votre image, me direz-vous. Mais vous verrez que c’est plus facile à vivre et surtout, bien plus amusant. Parfois, vous ferez comme le sergent. Vous suivrez à la lettre les recommandations des perfectionnistes, sauf que vous ne le ferez pas pour les mêmes raisons...
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