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Nulle Part, Partout page publique
Je ne suis jamais chez moi ailleurs que dans mes pensées. C’est assez faisable. En promenade ou dans l’un de ces voisinages éternels qui sont autant de pauses pantouflards de notre vie nomade, je n’entre chez moi que dans l’intimité de ma tête. En effet je suis chez moi partout, et je ne suis chez moi nulle part. Chez Moi n’est pas un lieu où je me sente perdu, ni impénétrable, ni protégé. Chez Moi n’est pas un temple, surtout pas. Chez Moi n’est pas un refuge, à peine un abri. Chez Moi est parfois une prison, une vraie chambre de tortures. Chez Moi est parfois une oubliette, parfois une gare bruyante où je me sens perdu. La maladie s’invite souvent Chez Moi. La douleur est une expropriation. Circonscrite à quelque partie de mon corps, elle n’est qu’une rumeur à la porte de Chez Moi, mais si elle l’emporte sur moi, si elle vient de mes reins torturés, alors je ne suis plus maître de maison mais un hôte importun que l’on met à la porte ; elle fait ce qui lui plaît Chez Moi, trembler mes membres, crier ma bouche et pleurer mes yeux jusqu’à la piqûre qui éteindra toutes les lumières. La fièvre est la clé de mes portes. La maladie qui l’amène dans ses bagages peut entrer Chez Moi sans effraction et me jeter dehors, violemment. Je n’ai plus nulle part.
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