Chez Moi, cela peut être une cage. Au zoo, un tigre du Bengale tournait en rond jusqu’à ce que quatre hommes arrivassent d’un pas décidé placer sur le fossé de sa cage une longue planche de bois. L’animal tout heureux sortit de son enclos et courut dans le zoo. Ce n’était pas une bête sauvage comme on en voit dans les films, et il ne massacra pas les trois cents visiteurs. Paisible, il ne s’empara que d’un seul enfant qui gesticulait devant la cage aux singes –comment savoir avec tous ces primates- et le traîna sous le couvert pour enfin savourer le sang d’une proie expirante. Il s’endormit ensuite et ne rêva de rien jusqu’à ce qu’une balle fracassa son sommeil. Le tigre n’existe plus.
Chez Moi, cela n’existe pas. Je n’ai pas de maison d’enfance, pas de lieux consacrés. Je n’ai pas de racines et pas de religions. Tout est faux, inventé. Je n’ai pas d’objets familiers qui me seraient précieux comme les souvenirs d’un foyer oublié. Je n’ai pas de lieux, je n’ai pas de regrets. Ce qui me manque est fabriqué ; je tourne en rond dans un imaginaire trop limité, Chez Moi. Et si je m’échappais, il y aurait bien un fusil pour me rappeler à l’ordre