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je me souviens... page publique
Les larmes m'aveuglent déjà ...je n'ai plus la force de repousser les assauts de souvenirs qui me prennent la gorge, m'arrachent des larmes si fervantes qu'elles me laissent impuissante, comme anéantie de solitude.
Avec une sorte de crainte envahissante, je me force à lever les yeux. Un mal de plus me frappe, et je sens que mon visage se ferme. Je ne souris pas. Froidement, comme vers un refuge, je me dirige vers mon piano dont la réalité familière me réclame. Et je ne cesse de me répéter : "c'est grand et blanc. Ca ça ne changera pas. C'est dure, c'est simple. C'est solide. C'est réel." Je veux effacer ce maquillage de maturité sur le visage de Thomas, lui arracher cette physionomie d'adulte trop grande pour lui, trop grande pour moi... "Joue,...pour moi", me supplie t-il. Alors je rythme rageusement chaque pensé d'un brusque accord plaqué. Mais je tremble. Sa présence silencieuse et ses yeux sur mes doigts me sont à la fois un supplice lourd et doux.Je m'arrête. Je m'en veux. Je laisse échapper un "pardon" inaproprié. "Tu es lâche, me répétais-je. Tu n'as pas le droit de parler avec cette voix de petite fille sage. Tu refuses un moment de franchise brutale. Allons! quitte ce décor d'insouciance, il y a bien longtemps que tu n'y a plus le droit." L'impossibilité où je me trouve de laisser couler mes larmes m'est un supplice cruel, que j'accepte comme une punition méritée. Oui je suis coupable...ses yeux d'or liquides c'est moi qui les ai blessé...
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