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On a pas tous les jours Internet 26/05/03 page publique
C'est un peu con quand même. D'habitude je vais sur Internet presque tous les jours, au moins quand je travaille. Mais là je suis en grève pour toute la semaine alors c'est pas possible.
En ce moment j'écris depuis l'antiquité que j'ai à la maison. Je mettrais tout ça sur disquette et j'essaierai de l'envoyer…quand je pourrai !
Dimanche 18 mai:
Gaëlle est repartie dans la soirée pour aller chercher son copain à la gare de E... alors je me suis retrouvée seule, encore. Au moment du départ je lui ai demandé s'ils allaient venir le lundi mais elle m'a répondu que sans doute que non. Il s'est alors déroulé en moi une véritable lutte intérieure. Je n'avais pas le droit de lui faire porter la responsabilité de ma solitude, et puis en même temps je me sentais terriblement délaissée. J'ai commencé à lui dire que maintenant qu'il était là je ne la verrai plus et puis j'ai préféré me taire, je ne voulais pas qu'elle pense que je lui en voulais. Mais c'était pire quand je me taisais alors j'ai essayé de trouver d'autres sujets de conversation. Mais Gaëlle n'est pas complètement stupide et elle a bien vu que ça n'allait pas fort. Je le regrette sincèrement.
Du coup j'ai décidé de ne pas me laisser abattre et je suis partie au petit cinéma de F..., où, par chance, passait Frida. Je ne me lancerai pas dans une analyse du film, j'en suis complètement incapable, toujours est-il qu'en sortant de là je me sentait complètement oppressée, et mal, très mal. Alors pour me défouler, en arrivant, je me suis mise à peindre, pas les murs cette fois mais sur une planche de bois sur laquelle j'avais commencé quelque chose que je ne finirai jamais. J'ai peint et ça m'a fait un bien fou, je me suis vidée complètement, de tout. Du mal être dû au film. Du mal être dû à la solitude. De tout.
Je me suis couchée à 2h et je devais être à 6h45 chez Colline pour partir à E... où se déroulait la manif.
Lundi 19 mai:
C'est ce qu'il s'est passé. Ca a été dur mais je l'ai fait. A 7h on partait, à 8h on était à E....
Colline est à l'IUFM (Institut Universitaire de Formation des Maîtres). On a donc commencé par aller à l'IUFM pour une réunion PE2 (2èmes années) pour expliquer le comment et le pourquoi de la grève et surtout les conséquences sur leurs soutenances de mémoires... Au moins, j'ai pu être éclaircie sur certains points encore flous.
A 10h donc, départ de la manif devant la mairie. Je sais même pas combien on était, j'ai loupé les infos. En tous cas il y avait du monde, ça c'est sûr. Autant je pense que le mardi 13. Et on a crié tant qu'on pouvait, on verra si ça a servi à quelque chose. Ce matin là j'ai appelé Martin pour savoir s'il faisait grève. Chose étonnante, il avait laissé son répondeur, ce qui ne lui arrive jamais. C'est bizarre. Il ne faisait pas grève, ça c'est pas bizarre. Je dois avouer que j'étais un peu en colère contre lui. Enfin, j'étais aussi en colère contre ma collègue, contre Justine, de qui je n'ai pas encore eu l'occasion de parler, et contre tous ceux qui se disent d'accord avec nous mais qui restent à l'école. Bref, en même temps chacun est libre mais je me sentais pas très soutenue. Heureusement que Gaëlle y était.
A la manif il y avait Alexandre. Alexandre je ne le connais pas vraiment mais il est important pour moi quand même. Il était en PE2 quand j'étais en PE1, jusque là rien à dire, je l'avais à peine remarqué avant que tout les PE2 lui tournent le dos à cause de ses "mauvaises" apréciations aux stages. Alors je me souviens qu'il me faisait énormément de peine parce que je le voyais toujours, toujours seul. Mais rien. Un jour à Auchan je venais de m'acheter un soutien-gorge. J'étais avec une copine, je sais plus qui. Au moment où j'approchais de la caisse, avec seulement mon soutien-gorge à la main, je me suis retournée pour voir si ma copine me suivait...et c'était Alexandre qui était derrière moi. Il n'a rien dit et a filé à une autre caisse. Je me souviens avoir dit toute la soirée que quand même il aurait pu dire bonjour, que moi quand je croise quelqu'un de l'IUFM je dis bonjour même quand je connais pas directement, que c'est pas très sympa....
Bref l'année d'après, plus de trace d'Alexandre et à vrai dire cette année là j'avais bien d'autres préoccupations. Mais à la fin de l'année, vers juin, je suis invitée à un anniversaire. Estelle, une copine de Gaëlle avait invité à peu près tous les gens qu'elle croisait parce qu'elle avait peu d'amis. Je suis allée à son anniversaire sans trop savoir pourquoi. Sans doute pour lui faire plaisir, même si je savais pertinemment qu'elle ne m’appréciait pas.
Bref, Alexandre y était. On a dû s'adresser trois mots durant toute la soirée : bonjour, au revoir, et un autre au milieu peut-être. Il n'empêche que ce soir là , il y a quelque chose qui est passé. C'était pas un coup de foudre, non, mais plutôt comme une espèce de tension, un stress pas désagréable, même très agréable. Les regards se fuyaient.
Et puis voilà , la soirée s'est terminé. Je ne l'ai revu que de loin depuis. Gaëlle m'avait promis qu'elle organiserait un truc pour la fin de l'année et qu'Estelle l'inviterai. Pas le temps, oublié, j'ai jamais vraiment su. Bref, pas revu l'Alexandre.
Pas revu jusqu'à la manif du mardi 13 mai où il était là avec Estelle et le reste de la clique. Je ne l'ai revu que de loin mais Estelle nous a appris qu'il sortait avec la sœur de son copain. Re-lutte intérieure. Je comprenais même pas pourquoi ça me faisais de la peine tellement je l'avais oublié celui-là . Et pourtant...je ne me comprendrai jamais.
Et donc lundi il y était à la manif...avec elle. Gaëlle me dit que si je la connaissais je ne pourrais pas la détester. Mais je pense que je ne la connaîtrai jamais et c'est tant mieux car j'ai un sacré mauvais à priori sur elle (même si je suis sûre qu'en la connaissant je serais capable de l'apprécier). Enfin voilà , gros mal de cœur.
Retour avec Colline chez elle et glandouillage tout l'après-midi.
Le soir j'ai appelé tous les parents d'élèves pour leur annoncer que je continue la grève toute la semaine. Je les sens pas vraiment derrière moi. Beaucoup de "merci d'avoir prévenu bonne soirée", deux "bon courage" du bout des lèvres, un "jusqu'à lundi?!?!?!", un "et comment on va faire pour les cadeaux de fête des mères", et quand même, au dernier coup de fil, un "bon courage, vous avez raison, allez jusqu'au bout" très sincère.
Mardi 20 mai:
Anniversaire de ma soeur Flora. Bon anniversaire!!!!
Gaëlle et Romaric (c'est le nom que j'ai donné à son copain) sont venus le soir passer la soirée avec moi, c'était chouette. Je découvre Romaric petit à petit. Il est assez renfermé et parle très peu mais quand on arrive à parler avec lui il est très sympa et très intéressant. En plus c'est un artiste alors il m'impressionne beaucoup, il est très cultivé mais n'étale jamais sa culture, au contraire.
Mais la bonne surprise de la soirée, c'est Renaud qui est passé me voir. Ca faisait une éternité que je ne l'avais pas vu. Avec son frère, le miens et un autre garçon du village (dont je reparlerai certainement), on était les meilleurs amis du monde, un peu la bande de A..., les terreurs quoi. Renaud est devenu marin et là il a deux mois de vacances alors il est passé dire bonjour. Je sais pas ce qui lui a pris parce que ça ne lui était jamais arrivé. Mais ça m'a fait super plaisir. On a replongé dans les souvenirs d'enfance et c'était plutôt agréable. Je me demande comment ça se serait passé si Gaëlle et Romaric n'avaient pas été là . J'aurais certainement été très mal à l'aise et on aurait pas su quoi se dire et il serait reparti tout de suite. Non, peut-être qu'il aurait essayé de m'embrasser fougueusement!! N'importe quoi Yaïza, t'es dans le délire complet.
Mercredi 21 mai:
Beaucoup de glandouillage chez Colline sous prétexte d'aller voir les messages sur Internet.
Au retour j'ai appelé Martin. Il faudra quand même une fois que je le présente correctement. La situation avec lui est plutôt spéciale. Pour faire très court on passe parfois des vacances 24h sur 24 ensemble, il n'y a jamais rien de plus, et puis ensuite on se voit pas pendant des mois et ça ne le gène pas du tout. Mais je l'adore dans son genre alors je subis. Mais ça méritera plus d'explications.
Bref, c'est sûr, il ne viendra pas au vernissage de mon expo et on se verra en coup de vent un mercredi pour aller acheter les billets de train pour cet été.
Je lui ai quand même dit franchement que je savais pas s'il se rendait compte mais que pour mon premier vernissage de ma première expo ça m'aurait fait plaisir qu'il soit là . Il m'a répondu que oui il savait mais ça n'a rien changé.
Jeudi 22 mai:
Une manif toute seule, c'est franchement pas drôle. Gaëlle recommençait à travailler aujourd'hui à cause du psy qui devait passer dans son école et d'une sortie demain, elle reprendra la grève la semaine prochaine. En arrivant à E... je suis passée chez Justine pour essayer de l'emmener mais rien à faire, elle avait du boulot, elle avait pas pris sa douche, elle voulait boire un café, bref elle voulait pas y aller.
Alors j'y suis allée toute seule. Pourtant à ce genre de truc on voit plein de tête connues...oui mais elles étaient en groupe entre elles ou avec des têtes inconnues, ou alors elles ne daignaient pas me dire bonjour. Je me suis rendue compte pour la énième fois que je n'étais pas dans le coup des instits du département. Bref je me suis ennuyée comme un rat mort, mais au moins j'ai manifesté.
Alexandre y était aussi. Seul. Il s'est moins ennuyé que moi pourtant, parce que les autres têtes lui parlaient à lui. Vous allez vous imaginer que je suis quelqu'un de détestable et que tout le monde me hait. Non. C'est pire que ça. Je n'existe pas. Je passe totalement inaperçu, même si je suis assez grande. On me fait un petit sourire parfois et ça suffit pour qu'elle nous foute la paix la Yaïza. Elle est gentille y'a pas à dire. S'il y a une chose dont je suis presque sûre c'est que les gens pensent du bien de moi, ou en tous cas pas du mal, mais pour les gens que je connais mal je ne dois pas représenter les personnes avec lesquelles on s'éclate, je sais pas.
Vendredi 23 mai :
Passé l’après-midi à F… à l’atelier. j’ai enfin terminé le dernier tableau pour l’expo, reste les encadrements….beurk, c’est pas le plus drôle.
Dimanche 25 mai :
Journée à Paris, évidemment !
Vous m’avez peut-être vue parmi les 450 000 manifestants (moyenne entre les chiffres des syndicats et ceux de la police) à la télé.
Le gros bordel, yÂ’a pas dÂ’autre mot.
Le matin on est parti avec Gaëlle avec un bus d’un syndicat. Presque 5h pour aller à Paris alors qu’en voiture il doit falloir 3h à 3h30. finalement on est arrivé en retard…
La manif était un succès (seulement pour le nombre de participants et pas pour les résultats…), c’était génial, il y avait une ambiance de folie.
Au moment de repartir on était confiantes, on avait rendez-vous avec le bus avenue d’Italie. Oui mais il y avait au moins deux mille bus, sans mentir ! ! !
On a voulu tout parcourir, et on l’a fait, mais on a fini par laisser tomber et on a décidé de rentrer en train. Le truc c’est qu’ils n’ont pas pensé à nous donner un numéro de portable… Mais quand même ils ont du nous attendre un moment et s’inquiéter, ça craint.
Bref nous voilà parties pour la gare, sauf qu’on a fait des détours pas possibles et qu’on est arrivées en courant pour attraper le train…qui n’est pas parti ! Un mec s’était jeté sous un train et aucun autre ne pouvait circuler ! ! !
En plus (c’est pas fini), ce train n’allait pas dans la ville où nous avions la voiture mais à E… seulement, et j’ai bien cru que je ne trouverai personne pour nous emmener à la voiture (à 30 min de E…). C’est Justine qui nous a sauvé la vie en acceptant de nous ramener. Bref le train est parti avec 1h30 de retard et c’est Alan, le copain de Justine qui nous a raccompagné. A 00h15 on arrivait chez Gaëlle, j’ai dormi chez elle.
Reprise difficile aujourd’hui avec les enfants…on termine le cadeau de fête des mères qui a causé tant de soucis aux parents…on prépare le spectacle de fin d’année.
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