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Grand-Papa 05/10/03 page publique
Grand-Papa est mort dimanche après-midi. La famille est emputée de son tronc.
J'ai appris la nouvelle dans une cabine téléphonique, dans la nuit et sous la pluie.
Je rentrais de vacances. Ils m'avaient, par erreur, coupé le téléphone.
Je me suis effondrée. Je me suis révoltée. Ca sert à rien.
J'ai pris ma voiture pour foncer chez Colline. Elle n'était pas là .
Je suis partie à F... La voiture de Wilhem et Hélène était bien là , mais tout était fermé. Retour dans une cabine. Appel à mes parents pour avoir le numéro de téléphone d'Hélène et Wilhem. J'ai réussi à les joindre et ai passé la soirée chez eux.
Merci à eux.
Lundi, refus. Ce n'est pas vrai. Je ne réalise pas.
Je suis avec les enfants. Je n'y pense pas.
On m'adresse des condoléances et je me demande presque pourquoi.
Je vais chez le psy. Je lui annonce que j'ai perdu mon grand-père. Puis je n'en parle plus. Pas un mot. Je ne parle que de Martin et de mon bloquage, comme si de rien n'était.
Je me sens coupable. Insensible
Hier, c'était l'incinération. Regroupement de toute la famille.
Grand-Maman est tellement forte.
Vous ne me croierez pas. Mon Grand-Papa était fabuleux. Incroyable.
Je m'effondre en le voyant. Quand ils déplacent la table de la cuisine pour pouvoir passer le cercueil. Au passage du cercueil. Au moment des hommages. En voyant Grand-Maman de dos et ses épaules qui tremblent de chagrin. En l'entendant rester digne et accueillir les gens. Ma Grand-Maman.
Des hommages ont été rendus (j'ai lu le texte donné dans la page précédente). Tous en dessous de la réalité. Mon oncle bouleversant. Mon père en larmes, il ne pleure jamais. Ma soeur avec son texte tellement juste et tellement touchant.
Je les aime tous. Je ne sais pas leur dire. Je voulais prendre la main de Charlotte, je n'ai pas osé.
Grand-Maman tellement forte. Grand-Maman tellement seule. Grand-Maman tellement entourée. Grand-Maman effondrée. Grand-Maman que j'aime.
Voilà le texte original de mon hommage à mon Grand-Papa. (Entendu pour la première fois dans "Quatre mariages et un enterrement")
TWO SONGS FOR HEDLI ANDERSON in Selected Poems of W.H. Auden by W. H. Auden
Stop all the clocks, cut off the telephone, Prevent the dog from barking with a juicy bone, Silence the pianos and with muffled drum Bring out the coffin, let the mourners come.
Let aeroplanes circle moaning overhead Scribbling on the sky the message He Is Dead, Put crêpe bows round the white necks of the public doves, Let the traffic policemen wear black cotton gloves.
He was my North, my South, my East and West, My working week and my Sunday rest, My noon, my midnight, my talk, my song; I thought that love would last for ever: I was wrong.
The stars are not wanted now: put out every one; Pack up the moon and dismantle the sun; Pour away the ocean and sweep up the wood. For nothing now can ever come to any good.
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