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RĂŞve d'enfant page publique
Quand j’étais enfant, je rêvais d’un autre monde…. Non, je rigole…
Quand j’étais petit, je caressais le doux espoir de devenir pompier. (Quand on est gosse on ne sait pas tout de suite… on ne nous prévient pas) On idéalise le corps de métier de son père ou de sa mère. Si par exemple ta mère est infirmière à la Salpetrière, tu peux être sûr qu’à un moment t’as voulu être infirmière. Bon, si t’es un garçon, c’est sûr que ton père te fait la misère direct’ si tu te pointes en petite robe d’infirmière le jour où tes grands parents un peu coincés – il faut l’admettre - passent un week-end de Toussaint chez toi.
Bref, quoi qu’il en soit, l’allure, le charisme et la fonction même du pompier ont dû tenter plus d’un jeune garçon en manque de créativité.
Je me voyais déjà en haut de l’affiche…. Non, je rigole… Je me voyais déjà dans une tenue sombre, avec sur la tête le fameux casque brillant balayant les ardeurs de l’enfer, se gaussant de l’épaisse fumée, en sortant triomphant d’un immeuble en flammes avec dans les bras une gamine effarée que sa mère croyait déjà happée par le feu rougeoyant. Je me voyais déjà intervenir sur les lieux les plus insolites sauvant in extremis la vie de pauvre démunis. Je me voyais déjà les pieds foulant les terres du sud fumantes et noircies par les flammes qu’un hypothétique pyromane à la solde d'un vrai pourri de politique aurait déclenché.
Je voyais dans le pompier la réussite sociale.
Bref, le rĂŞve quoi.
La réalité m’a dépassé…
Aujourd’hui pompier c’est aller déloger le vieux chat boutonneux de Madame DUREUIL, resté perché sur le seul arbre qui reste d’une cité appauvrie par un trop plein d’ignorance et de délaissement, protégé par une horde de CRS moustachus (si possible – c'est toujours mieux!) au cas où on se ferait caillasser par des gosses dont la seule espérance est d’être chef au Mc DO, ou responsable rayon à Ed l’épicier ou si la chance leur sourit, bon vendeur chez FOOT LOCKER.
Aujourd’hui, pompier c’est pas top. Mon rêve de gosse s’enfuit tel un nuage qu’un anticyclone balaierait sur son passage. Il n’aboutit pas. J’ai enlevé les photos qui tapissaient le mur de ma chambre. J’ai changé de fond d’écran. J’ai rangé mes verres ‘Sapeurs Pompiers de Lagny/marne’. J’ai plié mes T-shirt, décroché mon calendrier, soigneusement effacé mes cassettes de chants régionaux de la 3ème Brigade de Plou-en-Varenne – 1er au championnat inter régional en 1976, quand même. J’ai rangé les 2356 dossiers de départ de feu en France depuis 1978 ainsi que les statistiques qui vont avec.
J’ai ôté du mur du living la hache d’argent que j’avais gagné lors d’un concours en forêt de Fontaibleau, dont la tâche consistait à couper en moins de temps possible un chêne massif de trois cent années environs – une belle bête – (…) avec Renée ma femme, on en était venu à bout en trois heures, 12 minutes et 26 secondes. Ça nous avait amenés jusqu’à tard dans la nuit, cette histoire, mais quelle rigolade ! Bref… la hache d’argent, je l’ai enlevé et rangé dans un carton soigneusement emballée au cas ou l’envie me prendrait de redevenir pompier un jour.
Le rĂŞve est finiÂ…
Aidez-moi de redevenirÂ… enfant !
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