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FIGOLU page publique
Ce matin poussé par une fiévreuse envie venue de nulle part d’avaler des biscuits, je sautais dans mon jogging récemment acquis, enfilais mes baskets Boppi (excellent pour le maintien du pied, si, si !) et filais au Champion le plus proche (hé, oui, chacun ses soucis) pour disposer des précieux gâteaux. J’entrais solennellement dans ledit supermarché, me dirigeais d’un pas décidé au rayon des biscuits et cherchais l’œil vif et averti l’inestimable galette fourrée de fruit – la figue –
Tandis que je me tenais à l’endroit même où d’habitude se trouvent les Figolu, soigneusement rangés, à mon grand étonnement je tombais sur des Granola. Ma main expérimentée avait immédiatement reconnue la supercherie alors que mes yeux eux, n’avaient absolument rien remarqué - l'habitude, le train-train. Je lâchais soudainement le paquet tel un vampire qui aurait embrassé de l’ail et, tandis qu’il tombait bruyamment au sol, je lançais rapidement des regards à droite et à gauche pour saisir rapidement le bon paquet. La consternation fut terrible et douloureuse. Pas de Figolu, là où ils devaient se trouver ! J’inspectais de fond en comble le rayon en entier, mais en vain. Pas de Figolu ! Qu’allait devenir ma soirée ? Et mon petit lait dans mon bol ‘GTI for ever’ déjà au four à micro-ondes prêt à être chauffé ? Je ne supportais pas l’idée d’une telle soirée. Seul, devant Nikos Aliagas, le suspense montant de la prochaine nomination, sans mon figolu à portée de main ? Non. Cela ne pouvait pas se passer comme ça. Le destin ne pouvait pas me faire un truc comme ça, moi qui ai toujours cru en lui. L’histoire, les évènements même qui gouvernent l'humanité ne devaient pas me rendre la vie si dure. Je levais les yeux au ciel, du moins vers le plafond noircit du supermarché, habité par les moineaux qui devaient s'attrister d'une telle détresse dans la vie d'homme , et j’implorais le dieu du biscuit, le grand LU, créateur du petit beurre mondialement connu. (hé, oui, chacun ses soucis...) Dans un éclair de lucidité – car il en fallait face à une telle situation, d’une rare brutalité – je saisissais le bras de la première vendeuse que je croisais et lui demandais, insistant : - Madame, s’il te plaît, ‘sont où les Figolu ? - Pardon, demandait-elle doucement Dans ce cas précis la douceur était synonyme de perte de temps… - les Figolu… ‘sont là d’habitude… questionnais-je lourdement - Ha, oui. Les Figolu. On les a mis en tête de gondole pour la semaine. - Un Kangol ? mais je ne veux pas un châpeau moi !! J’insitais encore un peu… - D’accord, mais les Figolu…. ‘sont où ? Manifestement, je n’avais pas très bien compris les informations qu’elle m’avait données, mais trop obnubilé par les Granola chocolat noir à la place de mes Figolu, je ne pensais plus. J’étais parti… Je m’identifiais maladivement aux biscuits, perdus dans cet immense magasin, parmi les milliers de références, tel l’enfant que j’étais quand un jour ma mère m’a oublié au bac à sable et que j’étais resté seul, toute la soirée avec ma pelle et mon petit râteau… cet instant d’une inhabituelle cruauté m’avait marqué.
J’atteignais la tête du Congo et m’emparais nerveusement de deux paquets. Je lançais la monnaie à la caissière nonchalamment dégoûté d’avoir perdu autant de temps et d’énergie. Mais quelle joie quand j’ai retrouvé le calme de mon petit appart’, mon Nikos, mon petit lait. Haaa… il nous faut pas grand-chose nous les humains pour nous satisfaire, hein ?
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