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Fumer c'est pas bien. page publique
Fumer ça tue…
Dès lors qu’on envisage de parler du droit des non fumeurs en public, nous ne sommes pas sans risquer de soulever une vague de protestation, un océan de contestation, des ‘‘et-la-liberté-alors- !’’ à tour de bras…, et autres ‘je-fais-ce-que-je-veux-de-mon-corps’… Mais, mon esprit aventurier et mon envie indescriptible de fustiger les avaleurs de fumée ont pris le dessus.
Rien de grave, rassurez-vous.
Histoire :
9h12. Je fais déjà une pause à la machine à café. Il fait chaud dans ce bureau surchauffé. Le patron doit être Inuit ou il a dû tomber dans un congélateur chez Picard en cherchant des glaces en bâton pour Monique sa femme. Ou alors il ne veut pas oublier ses chaudes vacances aux Antilles… Bref, j’atteins le lieu de rendez-vous de toutes les feignasses de la boîte, les tire au flancs du troisième étage et les traînards du matin, les ‘j’ai-loupé-celui-de-moins-quart’, les secrétaires en manque d’affection, le DRH qu’a pas d’amis etc. – la liste est longue -
Contrairement à la météo, clémente et claire, la place était pleine de brouillard, de la fumée épaisse partout autour de la machine. On ne voyait presque plus les gens tellement la brouillasse était dense. La fumée stagnait dans l’atmosphère. On était loin du Ushuaia dans les brumes d’un matin Madarin, fleur de lotus et thé à la menthe, ambiance zen. Là , c’était ambiance Tchernobyl avec à la tête du cortège ledit DRH qu’a pas d’amis. J’appréhendais. La dernière fois j’avais tenté une apnée pour me servir un cacao mais le gros Dédé était passé avant moi et du coup m’a fait retarder mon chrono d’une minute au moins. Résultat, syncope, trouble cérébral, poumons irrévocablement abîmés, SAMU, pompiers, hôpital, ONU, conseile de sécurité etc. Une autre fois j’avais envoyé un collègue me prendre mon cacao-un-sucre. Il avait l’habitude lui. Tout le monde fumait dans sa famille, donc du coup par tradition il avait suivi le truc, bien qu’il ne sût pas exactement pourquoi tout le monde faisait ça. Il m’avait ramener un gobelet saveur tabac, teinte nicotine, limite usé par l’acidité du cigare du DRH qu’a pas d’amis.
J’inventais donc un nouveau stratagème pour cette fois. J’envisageais donc la méthode du pet, le foireux, le silencieux, le dangereusement nocif.
Au milieu du brouhaha, j’accédais à un site stratégique, près d’un courant d’air, ni vu ni connu, en apnée totale souriant d’avance devant la drôlerie de l’enjeu. J’attendais. Patiemment.
9h13. Je ne savais pas quel genre de pet était en préparation. J’avais mangé la veille un chili con carne - en boîte s’il vous plait, pour une meilleur fermentation et un bon arôme – histoire d’assurer tant au niveau décibel qu’au niveau parfum. J’ai lâché la caisse. L’effet n’a pas été immédiat. Comme tout arme chimique digne de ce nom, il faut savoir attendre et observer, si possible loin de l’impact dans une zone de sécurité convenable. Je disparaissais donc dans l’entrée prétextant un coup de fil sur mon portable. Il faut être patient, prêt à noter toute information contradictoire pour améliorer les performances la prochaine fois. Le chimiste en herbe que je suis n’allait pas tarder à savourer la gloire de son dur travail.
Une minute plus tard, la résultante de mes contractions gastriques faisait sont chemin. J’avais du gros dossier. La moitié du staff ‘j’me-la-coule-douce’ disparu subitement chacun s’accusant mutuellement du regard – c’est ça la solidarité – tandis que les bras cassés du troisième étage se bouchaient les narines dans un geste de dégoût. [notez l’absurdité du comportement : L’atmosphère est déjà bien chargée en toxicité et en odeurs nauséabondes et pourtant devant un petit pet sauce chili, tout le monde semble être en train de mourir, prêt à damner femmes et enfants pour avoir un peu d’air - ? -]
Les traînards du matin sont partis dans des ‘‘Bon, là j’ai du boulot’’ hypocrites. Les secrétaires ont un peu tardé du fait qu’elles sont tellement aspergées de Chanel n°5 du marché de contrefaçon de Ventimil qu’elles n’ont que très tardivement compris le départ soudain de la moitié de la population. En fin de compte, seul le DRH est resté. Il semblait se plaire dans se fracas d’odeurs putrides et je comprenais pourquoi il n’avait vraiment pas d’amis sauf peut-être un écureuil, un furet ou un quelconque animal sentant fort des forêt.
Un vieux proverbe du Calvados dit : « Fumer tue – Péter pue».
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