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Chronique d'un type qui n'a pas de maîtrise de soi... Part I page publique
Bernard, au départ, c'est un type tranquille, voire cool. Il mène sa petite vie pénard, il s'occupe de rien si ce n'est que de ses affaires et quand il sent qu'une embrouille prend le chemin de sa maison, il esquive rapidement, faisant le timide, limite idiot le Bernard.
Ce matin, comme tous les matins, je le vois sortir de chez lui, toujours aussi tranquille. Il est à peine 8h. Bernard, il gare son auto juste en face de chez lui. Il y a toujours de la place. Il traverse la rue, le pas pressé et entre rapidement dans sa voiture pour disparaître immédiatement derrière des vitres en simili-fumé, genre Starsky et Hutch mais sans la bande blanche et sans Starsky, ni Hutch d'ailleurs...
Mais ce matin, Starsky...pardon... notre Bernard il a pété les plombs.
Alors qu'il allait entrer dans son véhicule, des jeunes (à peine 20 kilos chacun) l'ont pris à partie.
- Hé m'sieu... T'as pas une clope ?
- Pardon ? lance-t-il surpris, le pied droit déjà sur la moquette dernier cri de sa Fuego.
- Z'y va, le gars il est sourd.
- Ca, j'ai compris... Dit-il doucement. Il connait les gosses le Bernard. Il en a élever 3. Il sait que ce n'est pas la peine de s'énerver. Et puis, pas de temps à perdre, 'faut aller au boulot.
- Non, je ne fume pas.
- Hé, m'sieu... vous avez des tiges, c'est sûr, juste une... feuzez pas votre radin ?!
Quand on ralentit le Bernard dans ses habitudes, en général, ce n'est pas bon. Comme dirait Robert, un pillier de comptoir notable du quartier : 'Le Bébère, faut pas l'ralentir, sinon t'envoie au casse-pipe !'
Le pied droit se retire de la voiture. Bernard est stable maintenant. Il surplombe les 4 gamins du haut de son mètre quatre-vingt. Je vois sur la tête du premier comme une espèce de frayeur interne à peine perceptible, un léger tremblement dans le recul qu'il accuse devant une telle masse. Mais Bernard, c'est un gars cool.
- Non, je n'ai pas de cigarette. Allez bonne journée. Il se courbe de nouveau pour entrer dans sa voiture.
- Enculé....
A peine audible, le mot... Bernard, c'est pas du genre à être sourd. Même si cela fait longtemps, il avait dix sur dix à l'armée et il entend toujours aussi bien... On dit qu'il entendrait même les mouches péter... au grand regret des 4 bouffons.
Je n'ai pas vraiment entendu le bruit de la giffle. J'en ai vu cependant les effets immédiats. Le premier jeune, son sac à dos avec, a été propulsé dans le grillage derrière lui. Un deuxième qui manifestement était trop près en a pris une aussi. Il a fini sa course à terre tandis que les deux autres courageux fuyaient tout ce qu'ils pouvaient.
- Sur l'Coran, il lui a mis une giffle !!!
Il n'avait rien dit, même pas haussé le ton de la voix pour impressionner.
Non. Rien.
Juste un revers tel un tennis-man s'entrainant dans le fond d'un cours contre un mur. Sauf que là , la balle ne revient pas. D'ailleurs Bernard, notre belliqueux Bernard est déjà dans sa voiture. Le gosse n'a même pas fini de tomber que Bernard a déjà les yeux rivés sur son tableau de bord qui clignote rouge, comme chaque matin.
Il ferme la portière en veillant, et c'est un comble, à ne pas coincé un des gamins, bien qu'ils soient déjà tous hors de portée.
Cette force tranquille m'a vraiment impressionné...
C'est le lendemain que Bernard m'a le plus impressionné...
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