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Chronique d'un type qui n'a pas de maîtrise de soi. Part II page publique
C'est le lendemain que Bernard m'a le plus surpris...
Même heure.
Il semble que le temps se soit arrêté. Les feuilles ne frisonnent pas. Aucune voiture ne passe.
Une pause
Bernard, comme d'habitude, se dirige vers sa magnifique Fuego. Il aime bien ce moment, quand dans un éclair de lumière il entrevoit sa voiture, brillant de tous ses éclats - C'est qu'il l'a bichonne, la voiture le Bébère.
Sauf qu'il y a une tâche dans le décor... Du moins, 6 tâches. Les quatres jeunes d'hier sont là , immobiles, presque fiers malgré la carrure imposante du Bernard. Quatre jeunes accompagnés semble-t-il de leurs deux grands frères, plus âgés, plus grands, atteignant à peine 50 kilos chacun à en juger par le flottement trop flagrant de leurs Jeans, sans compter les godasses de 12 kilos qu'ils avaient aux pieds.
Deux grands boutonneux près à se faire ratisser les furoncles...
- Hé ! M'sieu... Pourquoi zavez tapé mon p'tit frère ?
Il semble que celui-là soit le chef de la meute. Il joue le rôle du caïd auprès de ses copains et de ses frères apprentis punching-ball.
Il montre qu'il maîtrise.
On leur apprend ça dans les banlieues. Affronter les grands, les yeux dans les yeux. David contre Goliath.
Deux solutions pour notre ami Bernard : 1-Ne pas perdre de temps et partir au travail tranquillement. 2-Perdre du temps, décocher deux ou trois mandales, voire six s'il le faut, accompagnées de quelques coups de pompes pour écarter ceux qui s'accrocheraient un peu trop.
C'est que Bernard il ne fait pas dans la dentelle quand on lui fait perdre son temps. Bébère, il écrit gras, il surligne. C'est jamais propre quand il s'y met. C'est plutôt un artiste impressionniste, il improvise à chaque baffe. Là , il est dans sa période bleue. Il en met des bleus...
- Pardon ? - Z'y va ! 'Faut pas taper sur les petits, sur l'Coran !
C'est dingue cette propension (propansion ?) à mettre du religieux dans les insultes. Je suis sûr qu'il n'a jamais vu la couleur du Livre Sacré dont il parle. Tu lui présenterais un ouvrage bien décoré sur 'La mécanique des fluides' ou 'Comment faire pousser des poireaux en milieux hostiles ?', je suis certain qu'il ne ferait pas la différence...
Pfff...
Notre Imman en herbe se lance donc dans des invectives, implorant le ciel, jurant mille dieux, gesticulant dans son froc trop large.
Bernard, lui, il croit en Dieu. Mais sûrement pas en ces pseudo-représentants, surtout quand l'intégrité de sa Fuego est menacée !
Il a plut des giffles et des baffes pendant quelques secondes, peut-être quinze. Une grosse averse au pays du punching-ball. Des giboulées, même.
Le grand dans son Jean a fait le tour du monde en 4 secondes. C'est le grand Huit complet pour lui. Bernard lui sert un pack-avantage avec 50% gratuit.
Le Park astérix à côté c'est de la danse classique du 16ème siècle.
Ils ont tous fini par détaller, aussi vite que l'éclair. Celui qui a pris tous les coups, partait en boitant. Pourtant Bernard il ne touche jamais aux bijoux de famille, mais là , manifestement, il s'est fait ça tout seul.
Le Bernard entre enfin dans sa voiture non content d'en avoir terminé avec cette histoire.
Et moi, interloqué mais un peu admiratif devant cette force tranquille, je finis mon chocolat.
Cinéma sans paye.
Pfff...
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