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Le rameur  page publique
André est un rameur d’un autre genre.
Il navigue dans le social. Il fait escale le burlesque. Il croise dans les mers les plus reculées, là où personne n’ose s’aventurer… il fait dans l’import-export en gros…
Bref, tout au long de son existence Dédé s’est battu…
Physiquement pas avantagé dès le départ, il a dû composer avec un corps de sardine et, à trente ans, avec un bide de routier international. Il avait penser ( ?) à une opération chirurgicale ‘mais, se disait-il, tant que je vois mes pieds…’
Avant le drame de la proéminente panse, Dédé savourait quand même quelques instants inoubliables…
Mais il était incontestablement le prince de la dérive, l’archange de l’aviron.
A treize ans, quand il a fallu faire comme tout le monde, il s’est mis à fumer, du moins à crapoter en veillant à bien faire semblant d’avaler, ça faisait ‘style’. C’était top pour sortir avec des filles, surtout avec Géraldine, la voisine…
C’est avec elle que Dédé a fait ses premiers pas dans l’art de ramer. Il en était qu’au début d’une merveilleuse carrière de godilleur sans précédant.
Un soir d’été, il l’a invité à passer un moment dans son jardin à discuter des questions existentielles autour d’un panaché que son père avait malencontreusement laissé dans le frigo. (du moins c’est ce qu’il croyait)
Elle, c’était plutôt jeune fille intelligente, pleine de principes qui la rendait étonnement belle et charmante. Mais Dédé, lui, il ne voyait pas tout ça. A l’époque fallait attaquer dur pour avoir des chances de l’embrasser avec la langue (s’il vous plait) avant le soir…
Non, ce n’était pas un porc Dédé… Loin de là . C’était un rameur…. Sincère, mais rameur.
Il a sortit les pagaies quand il a fallu lui demander ce quÂ’elle pensait de luiÂ…. Physiquement entre autreÂ…
Géraldine doit être une copine à Saddam Hussein, à en croire le Squd qu’elle lui a servi, sans préavis de passage, rien, du pure souche, du brut de brut. Ca décolle les oreilles, c’est sûr et en général après une attaque de ce type on ne rapplique pas…. Mais André, lui, c’est un Rappliqueur de première. On lui tire dessus et il en redemande…
« - Moi, c’est ton grand frère qui m’intéresse. Il est là ? demanda-t-elle innocemment.
- Mon grand frère, heu… ouais, mais heu…. »
Ca y est ! Il les a sortit les rames ! Un peu hésitant, mais il s’y est mis assez rapidement quand elle lui a demandé de faire venir son grand frère et en même temps s’il pouvait aller faire un tour, ou aller voir un dessin animé dans sa chambre, ça serait pas mal.
« - Heu… attends je vais le chercher, mais on peut discuter à trois quand même, hein, c’est cool comme ça, non ? »
Elle lancera un Pfff… de désolation avec le regard qui part vers le haut… la totale, quoi.
Au départ elle a cru que le squde, il avait ricoché sur Dédé, mais en fait, il ne le faisait même pas exprès. Ca ricoche tout seul quand on fait de la rame à un haut niveau comme Dédé.
Une quinzaine d’année plus tard Dédé, maintenant collé dans un bureau au 26ème étage s’est souvenu de cet épisode quand il a voulu – inconsciemment sûrement – renouveler l’expérience avec sa voisine de bureau, Francine.
Dédé, à la barre de son rameur- catamaran avait ouvert grand les voiles. Les cheveux au vent, le compas dans l’œil, il manoeuvrait sec.
« - dis-moi Francine, entre nous, t’aurais pas l’heure physiquement j’suis comment ? »
Eclats de rire, hé les filles ! Vous savez quoi ?, débat, Dédé tangue, semble même pris dans un roulis infernal, il prend le phare, on ne lui jette aucune bouée… Il coule…
« - Non, mais c’est parce que mon horloge, elle marche plus… Attends… quoi… sois cool… »
C’est la dernière fois qu’on a vu Dédé sortir les rames…
De temps en temps, pour la forme, il aime bien faire quelques longueursÂ…
Une demande de congé par-ci, une discussion avec la caissière de ED par-là , rien de bien méchant…
Un jour Dédé, il trouvera sa perle rare, celle qui ramera avec lui. Et ils iront voguer dans les mers désolées du socialement correct, ils écumeront les océans d’un monde surfait, et peut-être qu’on finira par les admirer… qui sait…
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