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La Brigade K.M. page publique
Branle-bas de combat dans les locaux des RG. Rien ne va plus. Le fax vient de cracher son terrible document, tant redouté des spécialistes du terrorisme. Dans un français parfait l’inquiétant message délivra toute sa cruauté. Le patron saisit la page, fronça les sourcils, son visage s’assombrit. Les collègues comprirent que la nouvelle n’était pas bonne : - C’est eux, lança-t-il presque en murmurant, dans une grammaire approximative. mais tout le monde avait bien saisi la portée de cette affirmation. On aurait préféré autre chose. - Mais, chef…. Se hasarde un assistant. - Non, les gars… c’est sérieux. On est sur le coup depuis longtemps maintenant. On connait ces types. Allez ! Au boulot. Cette fois, c’est pas un exercice.
Le boss, comme on aimait l’appeler, prenait toujours soin de rassurer ses camarades - il les appelait les p'tits - avant des missions difficiles, mais aujourd’hui tout semblait fade tant l’inquiétude se lisait sur ces rides du quinquagénaire. Abandonnant le bout de papier sur un coin de table, il enfilait déjà son vieux cuir usé qui cachait à peine son revolver dernier modèle qu’il aimait laisser apparaitre dans un moment de fausse pudeur.
- Pour l’instant, le boss, il tient le coup se rassuraient quelques fonctionnaires bien attentionnés.
Mais lui, tel Moïse ouvrant la mer, un vent salvateur parcourant sa tignasse grisonnante, avait déjà percé la foule de païens que constituait ces hommes apeurés dans la salle de réunion.
- C’est pas un exercice les gars…
La phrase raisonnait encore dans la pièce qui soudain, s’était chargé d’une étrange électricité. Pas celle qui foudroie. Non... Celle qui te parcoure doucement, te laissant à chaque passage un ultime avertissement, une sentence pour la prochaine fois…
Le boss avait déjà quitté la salle. Les hommes restèrent un instant, seuls, presque livrés à eux même. Les regards se croisaient furtivement, chacun essayant de ne pas laisser transparaitre son angoisse. Deux au moins s’étaient abandonné à des larmes, discrètes mais annonciatrices de beaucoup de choses.
Au bout d’un moment, les langues commencèrent à se délier. Des petites phrases. Parfois même, seulement des sons, comme une récitation psalmodique, une plainte funèbre, un sombre aveu.
- On ne reverra plus nos familles, c’est ça ? - Attends Lucien… n’exagérons… - ON NE VERRA PLUS NOS FAMILLES, je te dis !! lançait-il nerveusement, comme pour évacuer un stress jamais connu jusque là.
Le message était clair. Le visage de chacun se fermait dès qu’il en comprenait le sens. Quelques uns lâchaient un soupir rapidement étouffé par un revers de main. D’autres, semble-t-il plus solides, n’imprimaient rien de particulier sur leurs visages mais leurs mains tremblantes trahissaient une vive inquiétude. Deux auxiliaires récemment admis dans le prestigieux groupe demandèrent à quitter immédiatement la ville pour mettre leurs enfants, leurs familles à l’abri. Tous acquiesçaient.
Dans un ultime espoir de s’être trompé, un responsable relut la lettre adressé au boss :
« Au nom du Grand Khazi, qu’il soit loué à jamais ! Au nom du Précieux Mirh qu’il vive pour toujours ! Vous allez tous mourir si vous ne vous soumettez pas au Prestigieux et Bienveillant Khazi Mirh !» La Brigade K.M.
Pfff...
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