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Sommeil page publique
Je n’ai pas dormi depuis deux jours. Erreur médicale ou de ma part, les calmants ne sont pas suffisants pour trouver le sommeil. Je finis par arriver à m’endormir à 6 heures le vendredi, et me lever à 9 heures par obligation. J’ai promis de faire une cinquantaine de crêpes pour la kermesse de mes neveux.
Je suis vidée, je bois beaucoup d’eau, je prends des compléments alimentaires. Je sors chercher la farine qui me manque. Toujours polie, certes, pas très souriante, mais j’essaie.
Des banalités échangées me rappellent ce que c’est quand on va bien. Ca me semble si loin, trop loin.
Deux heures devant ma poêle et quelques litres de sueur plus tard, enfin, c’est terminé. Je ne suis pas satisfaite du résultat, d’habitude je les fais plus fines. Tant pis, je ne peux pas recommencer.
Je marche jusqu’à ma voiture à l’autre bout du centre ville. Il fait trop chaud, je marche trop lentement, moi qui d’habitude marche d’un pas rapide et énergique, là , je me sens zombie. J’ai encore un peu mal au genou depuis avant-hier, quand je suis rentrée dans la porte vitrée d’un magasin. J’ai encore la bosse à la tête. Je pense que certains doivent penser que j’ai été battue.
La belle-mère de mon frère ne semble être au courant de rien, concernant mon état. C’est vrai qu’elle ne m’a jamais vue bien grosse, donc un peu plus de maigreur ne doit pas lui sauter aux yeux. A moins qu’elle joue un jeu ? C’est la période des régimes pour elle et sa fille, comme pour peut-être la plupart des françaises à cette heure-ci. Elle parle de son régime. Et moi qui récemment me suis vue sortir des kébab sans finir mon assiette, et qui à la question « Déjà , vous avez fini ? » je réponds, « Oui, je me force à manger. » Il faut que j’apprenne à mentir. J’arrive enfin à finir une assiette chez mon frère. C’est pas grand-chose, du poisson et de la salade, en petites quantités, mais déjà , je suis satisfaite de moi. Il faut dire qu’il cuisine bien, mon frère, aussi.
Mon frère me sort les photos de sa maison. Ca sera une sacré baraque. C’était son rêve. Il se réalise. Je ne peux qu’être heureuse pour lui.
Ca reste dur de voir ses gosses, magnifiques, ses projets qu’ils concrétise, et moi, 28 ans, sans gosses, sans job, sans mec, et qui dois déménager bientôt pour sans doute retourner chez mes parents n’ayant plus de quoi payer le loyer.
Ma belle-sœur transfère mes crêpes dans une assiette en carton, et j’entends un compliment qui me fait plaisir sur l’instant : « Oh, qu’elle sont belles. » Je remercie sans pour autant être convaincue que le compliment est mérité ou réellement sincère.
Je pars. Je rentre chez moi. Et je dors 12 heures.
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