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dakar 1968 page publique
Difficile ce premier essai de transcription des souvenirs….certaines images sont nettes perdues au milieu d’émotions et de sentiments Je me souviens bien sûr de l’immensité des salles et couloirs pour la petite 6 me toute fraichement sortie de l’école du plateau….. S’agissant des lieux il n’y a que cette impression qui demeure….rien ne subsiste en ma mémoire ni la forme des salles de classe, je serai incapable de dire s’il y avait des fenêtres, et sur quoi elles donnaient…soudain apparaissent des obscénités gravées sur le bois des pupitres…nous nous servions sûrement d’encriers…. Par contre il me reste en mémoire, en quatrième, quelques bribes couleurs et odeurs d’une place ou nous attendions de pouvoir accéder au lycée, peut être une sonnerie qui ponctuait les heures et les changements de cours….garçons et filles s’observaient méticuleusement, la mode était aux mini jupes, Je n’avais pas le droit d’en porter, je faisais donc en sorte de me débrouiller pour remonter ma jupe Avec de savantes combinaisons et entortillements….
Ma meilleure amie s’appelait Hélène Monteiro….elle était capverdienne et habitait un faubourg de dakar dont je ne me souviens pas le nom…elle était la fille de la couturière de ma mère. Petite et très foncée de peau…vive et avec un sens de l’humour et de la dérision que j’ai toujours apprécié et cultivé par la suite…nous n’étions pas de la même race ni du même milieu et il n’était guère pensable que je puisse l’inviter à la maison…je le vivais douloureusement….j’ai toujours, toute petite, ressenti la chance que j’avais d’être blanche et riche….j’ai toujours ressenti comme un manque d’avoir aimé ces pays d’Afrique, mon Afrique, si intensément et de part ce contexte, des blancs qui ne se mélangeait guère, de savoir si peu d et si mal décrire mes souvenirs et de ne rien connaitre de l’essence profonde de ces pays que nous traversions dans lesquels nous vivions, avec ce sentiment de suprématie qui même s’il n’était pas exprimé « blanc sur noir »nous était inculqué subrepticement….c’était ainsi….la colonisation n’était encore pas si loin…de cela avec mes amies africaines nous ne parlions jamais…nous étions jeune, c’était comme un tabou et elles étaient d’une discrétion absolues…
Hélène Morazzo n’étais pas dans ma classe et était plutôt une amie de Hélène MONTEIRO…
Je me souviens des petits vendeurs à la sauvette aux abords du lycée, marchandes de sandwiches à la sardine écrasée et pimentée, les glaces à l’eau qui ne coûtaient rien, les fruits mades ( ????) d’une vilaine couleur caca d’oie mais tellement et délicieusement acides…. Nous étions en 68 69 70….Des flics étaient venus virer manu militari ces petits vendeurs et je me rappelle de l’étonnement et de la joie que j’avais ressenti en entendant le lycée gronder et huer les forces de l’ordre….c’est sûrement de cette époque que me vient ce côté rebelle qui ne m’a jamais quittée…. Il y avait eu des grèves assez mouvementées pendant cette période…je devais être en cinquième…je me souviens d’un prof, peut être monsieur Poirot poursuivi par une horde de jeunes en colère….nous applaudissions les échauffourées sur les balcons du lycée….
La famille BLONDIN, étrangement des sénégalais étaient les têtes de ce mouvement au lycée…
Des « bandes » en vespa traînaient devant le lycée pour draguer les filles…Deux bandes « la rose rouge et la rose noire »…Des libanais des marocains ….un sénégalais DJANGO faisait partie d’une de ces bandes….
Nous allions (je faisais le mur) dans une boite ouverte l’après-midi pour les jeunes…premier émois… Les mecs étaient beaux avec leur afro….j’ai recherché sur internet des photos de jeunes branchés sur cette époque en pure perte….c’est à cette période que j’ai commencé à entendre parler des blacks panthères, de Angela Davis, de Cassius Clay et de James Brown…ma culture musicale date de cette période et tout ceci a largement et durablement orienté mes goûts… Voilà. Si une de ces phrases éveillent quelque chose en vous, ou vous donne envie de rebondir, si vous connaissez des livres parlant du Sénégal de cette époque, ou de poésie je n’attends que ça si vous avez des photos à partager merci merci merci
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