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Crise de manque page publique
"La passion, cet absolu désir qu'on ne peut jamais combler quand il a pour moteur l'absence de l'autre." Jean Royer, La main cachée.
"Si on me presse de dire pourquoi je l'aimais, je sens que cela ne peut s'exprimer qu'en répondant : Parce que c'était lui, parce que c'était moi." Montaigne, Essais, I, 28 amitié avec La Boétie
Elle revient terrible et lancinante, cette sensation que je connais depuis tant d’année qu’elle a fini par faire partie de moi. J’ai recommencé à écrire hier et ce qui me soulageait il y encore peu de temps ne met plus sur mon cœur ce baume qui me soulageait tant. Je réalise un peu plus à chaque fois mes erreurs et la douleur n’en est que plus cinglante. Peut-être que je n’étais pas assez forte à l’époque pour entendre et voir à quel point je me fourvoyais, et par conséquent je me suis enfermée dans mon mensonge, bien à l’abri de la réalité de ses sentiments. Comment ai-je pu être aussi bête, aveugle, lâche et égoïste ? Je sais que cela ne sert pas à grand-chose de revenir dessus maintenant mais je suis obligée d’en passer par là. Pour retrouver l’estime de moi-même et pour faire taire cette rage intérieure qui bouillonne, je dois chercher à comprendre et pour cela je dois par le biais de l’écriture revivre chaque moment de l’histoire. Mais c’est difficile parce que j’ai basé ma reconstruction sur la négation, sur des fondations branlantes puisque très loin de la réalité et par conséquent, je me retrouve le cœur à vif comme il y a 8, 5, 3 ans. Cette histoire que nous n’avons pas vécue et que nous continuons à ne pas vivre de manière épistolaire et entrecoupée de silences me met à mal le corps, le cœur et l’esprit. Et pourtant, ne fais-je pas partie d’une certaine catégorie de privilégiés ? Ressentir ce que je ressens pour lui, et savoir qu’il le ressent pour moi n’est-ce pas une chance ? Je pourrai avoir vécu toute une vie sans réellement avoir vécu. Mais quand il a fallu mettre en pratique mes grands principes empruntés à un certain britannique du nom de Wilde, j’ai pratiquée la fuite en avant. Et me voilà aujourd’hui, pour 250 000ieme fois en manque de lui. C’est comme un deuil que je n’arrive pas à faire, et ça fait aussi mal. Et quand il me lance sur le ton de la badinerie qu’il faut qu’on se revoit, se rend-il seulement compte des ravages que cela fait ? Et je lui réponds sur le même ton que je suis bien trop occupée, ou j’ignore tout simplement la question. Mais en vérité, j’en crève, je me consume doucement et rien ne peut m’aider. Le pire, ou le plus beau, je ne sais pas… c’est que je suis heureuse en couple, je ne peux même pas me dire que c’est par nostalgie ou ennuie que nous en sommes là ! Nous en sommes là parce que c’est comme ça. Parce que le temps, la distance, la vie ne sont pas suffisants pour nous séparer totalement. Et même moi (et pourtant malgré moi j’y ai travaillé) je n’ai pas réussi à nous effacer. A quoi cela sert-il ? Et pourtant j’aimerai tant qu’il me revienne comme avant, par hasard, furtivement et passionnément. Je me sens tellement mal, son absence me ronge et je ne sais pas quoi faire… je vais attendre … j’ai toujours très bien su le faire… que ça passe.
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