JOURNAUX PUBLICS   JOURNAUX COLLECTIFS   MON PROFIL

? 


Vent d'ange Journal intime créé par wilde

PLACER UN MARQUE PAGE | AJOUTER LE CONTACT AUX FAVORIS |
Ce journal est partiellement publique
Journal public


Préface
 PrĂ©lude
 Philosophie de comptoir
Arracheur d'enfance
 Tissu de souffrance
 J'ai besoin de ça... (1ère partie )
 J'ai besoin de ça ... ( suite et fin )
 Quand la mĂ©moire fait son cirque...
 RĂ©solution journalière
 Petite leçon par de grands amis
10   While my guitar gently weeps
11  --------------
12  --------------
13   Maestro, musique! (A corps parfait)
14   Mots lourds sur papiers volants
15   Arrete ton cinĂ©ma!
16   Fruit dĂ©fendu
17   L'Ă©bauche d'un rĂŞve, la dĂ©bauche d'un autre
18  --------------
19  --------------
20  --------------
21   Je veux rester flou!
22   Paroles d'une inconsciente
23   RĂ©surrection
24   Mr Wilde
25   Sonate pour papilles
26   Faites vos jeux, rien ne va plus!
27   Ether-nitĂ©
28   Tic-tac
29   New World Record
30   Par procuration
31   American Pie
32   Juste une petite envie
33   Analyses
34   Le temps d'un week-end
35   Y'en a mĂŞme qui disent qu'ils l'ont vu voler
36   Baudelaire et les lucioles
37   S'effacer
38   BouleversĂ©!
39   Wilde est un cancre.
40   Sans queue, ni tĂŞte...
41   Petite recette
42   Mes ombres sont mes lumières
43   Compte rendu d'une rĂ©union
44   Merci...
45   Fermer les yeux sur le silence
46   On peut toujours rĂŞver!
47   Petit-coeur "sing" des mots sucrĂ©s
48   Arrosez-moi
49   Dernierement, en vrac
50   SouverainetĂ© du vide
51   Manquait plus que ça!
52   Une vulgaire tache d'huile
53   Grandir
54   "Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve"
55   Oublie involontaire
56   Oublie volontaire
57   Sous le tropic du CANCER
Arracheur d'enfance      page publique

Tout le monde connaît la complexité de l’adolescence, cet age ingrat, antichambre de la vie d’adulte, jonché de tourments et d’excès. J’ai la chance et le privilège de travailler avec (pour) les plus torturés d’entre eux. Ce n’est pas toujours chose facile, mais ça à l’avantage d’être très enrichissant. Ceux dont je m’occupe ont entre onze et dix-sept ans.
Si ce ne sont pas des anges, ce ne sont pas non plus des démons. D’ailleurs, pour la plus part, ils sont victimes. (inceste, viole, maltraitance, isolement, mépris, indifférence, abandon...)
Fille ou garçon, on ne leur a pas fait de cadeau.

Hier matin, j’ai eu la lourde tâche d’annoncer à un garçon de douze ans le décès de son père.
Lorsqu’il était face à moi, inquiet d’avoir été convoqué à mon bureau, j’eus toutes les peines du monde à trouver mes mots.
Je ne savais pas comment lui arracher son enfance...
Au bout d’un long moment, j’ai tourné ma phrase dans le sens de la douceur, et je lui ai porté le coup.
Dans un premier temps il crut à une farce, une plaisanterie de très mauvais goût que les adultes devaient avoir l’habitude de faire aux enfants turbulents. Cependant, lorsque mes mains chancelantes se sont déposées sur ses épaules menues et chétives, il comprit que je ne plaisantais pas.
Je revoie encore ses yeux sÂ’emplir lentement de larmes et sa bouche tremblotante me demander:
"CÂ’est vrai, Monsieur Wilde, Papa est mort?"

J’avais envie de lui répondre:
"Non, c’est une blague Petit, Papa sera toujours à coté de toi, jamais il ne te quittera!"
Au lieu de ça, je l’ai achevé d’un mouvement de tête...
La lumière laiteuse du jour donnait à ses larmes une couleur nacrée. Une petite perle de souffrance a roulée le long de sa joue et s’est brisée en mille éclats au contact du sol. A chaque perle, une souffrance; à chaque souffrance, un éclat qui lui entaillait un peu plus le cœur.
Puis soudain, l’enfant a hurlé. Il s’est mit à taper du poing contre la cloison avant de s’adosser contre le mur et de se laisser fondre jusqu’au carrelage.
J’étais le triste spectateur d’un drame macabre et je ne le supportais pas. Ne pouvant le laisser seul avec sa détresse, j’ai transgressé la loi qui nous interdit d’avoir un contact physique avec les jeunes, et je l’ai pris dans mes bras.
Nous sommes montés jusqu’à l’infirmerie. Là, on lui a donné des calmants, puis on l’a allongé dans un grand lit froid.
Sa main déposée dans le creux de la mienne, je suis resté à ses côtés jusqu’à ce qu’il s’endorme.
L’enfant est mort. C’est un adulte qui va se réveiller...