 Journal public |
|
| |
J'ai besoin de ça... (1ère partie ) page publique
Samedi matin, il devait être au environ de midi lorsqu’on a tambouriné à ma porte. Blotti sous ma couette, les yeux scellés par la fatigue, j’ai hurlé à mon visiteur d’entrer. Mais la porte restant désespérément close, je me suis redressé et j’ai traîné les pieds pour l’ouvrir. Dans le couloir, sur le sol, un petit sachet aux inscriptions dorées. L’odeur qui s’en émanait ne laissait aucun doute sur son contenu. L’un de mes voisins était passé par-là . C’est une tradition que nous avons dans la résidence; nous offrir le petit déjeuner de temps en temps... Mmmm, réveillé par des croissants chauds, c’est presque aussi doux qu’un bisou. Passant devant ma porte, l’une de mes voisines me souriait en secouant la tête. J’ai regagné mon appartement et je me suis interrogé. D’habitude, c’était une fille triste qui passait devant chez moi. Depuis sa rupture avec son copain, elle était devenue dépressive. C’était comme si il était parti avec la lumière qui l’habitait... La journée débuterait-elle bien pour tout le monde? Où peut-être était-ce simplement ma frimousse béate et ma coiffure ébouriffée qui lui avaient procuré cette joie? En fait, il s’agissait de tout autre chose. Je me suis mi à rire à mon tour en constatant que j’étais nu. Je crois même que j’ai rougi...
Dans mon appartement, où tout était sans dessus dessous, régnait une odeur de tabac froid et de gratin aux pommes de terre. Quelques verres brisés, des cendres de cigarettes sur le tapis, des ronds humides sur la table basse, c’était bien là les menus stigmates de toute réunion amicale. Sur le bureau, en évidence devant l’ordinateur, Seringue avait griffonnée un mot sur l’enveloppe d’une facture France Telecom. "Je suis partie bosser. On s’appelle. Bisous. Seringue"
J’ai pris mon petit déjeuner en consultant mes e-mails. Les croissants étaient tout aussi fondant que les messages de Tallulah. De retour de la promenade du chien, je me suis glissé sous la douche. L’eau coulait sur ma tête mais ne lavait pas mes idées. Une pression du pouce sur la télécommande de ma chaîne hi-fi, et les riffs diaboliques des Stones comblaient le silence. L’opération grand nettoyage pouvait commencer...
|