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J'ai besoin de ça ... ( suite et fin ) page publique
En début d’après midi, je buvais le café avec Goéland lorsque le téléphone se mit à roucouler. A l’autre bout du fil, Cendrillon. Elle me disait de ne rien prévoir pour ma soirée, qu’elle viendrait s’occuper de moi. Le ton qu’elle avait employé ressemblait d’avantage à un ordre qu’à une recommandation. Pour ne pas la vexer (humhum) j’ai accepté, sans discuter. Au moment ou je lui ai répondu, je devais avoir l’œil gonflé d’espièglerie puisque Goéland m’a tout de suite demandé ce que je manigançais. Puis, d’un coup, il a commencé à s’énerver, à me faire la morale, à me dire que ce que je m’apprêtais à faire n’était pas bien. La peau de son grand front s’est plissée, ses yeux se sont façonnés en amande. Son visage devenait inquiétant. Tout en fumant sur sa cigarette, il me reprochait de fréquenter plusieurs filles en même temps, de jouer les tombeurs de pacotille, de boire plus que de mesure et de m’échapper vers des paradis artificiels. En somme, il n’aimait pas celui que je devenais le week-end. Une fois de plus, j’ai dû me justifier. S’il y a bien une chose qui m’exaspère, c’est bien ça, me justifier. A ma grande surprise, je suis resté calme ; et d’un ton posé, je lui ai exposé ma façon de voir les choses. Je lui ai dit que j’avais besoin de ça. La semaine, j’encadre, j’organise et je gère la vie de soixante-dix gamins. Pendant cinq jours, je me donne à eux. Il me faut être au top, physiquement comme moralement. Alors le week-end, je me fais plaisir, je m’abandonne. Peut-on me reprocher ça ? A qui fais-je du mal si ce n’est à moi ? Pour ce qui est de la gent féminine, je ne triche pas, je l’ai mise au parfum dès le début. Elles savent que je ne veux pas m’engager. D’ailleurs, je leur ai toujours dit : « Ce soir on se fait plaisir, mais demain, on se fait la bise. » Seringue et Cendrillon font parties de ces filles qui trouvent leur compte dans ce genre de relation. Entre nous, pas de promesses, pas d’engagement, pas de prise en otage. Notre relation est épisodique, lascive, céleste… Après tout, on ne fait que s’envoyer en l’air. Je n’ai rien d’un tombeur, au contraire, je suis tombé... J’admets avoir un côté dépravé, une certaine dualité qui influe sur mon humeur. Mais que je sois Docteur Jekyll ou Mister Wilde, j’ai toujours été honnête envers autrui. Pour conclure, je lui ai dit que je n’étais pas un altruiste, que je ne cherchais pas à faire le bien. Je m’efforce juste de ne pas faire de mal, ce qui est, à mon avis, encore plus difficile
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