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Arrete ton cinéma! page publique
Malgré ma récente discussion avec Tallulah, je continue de me faire mon cinéma. Ce matin, dans la salle de bain, une petite projection privée. La bobine m’use mais demeure en place, toujours la même, imputrescible scène de chaos.
Billet en main, l’héroïne glisse d’un pas alourdi jusqu’à l’allée simple. La journée est radieuse, idéale. Sur le quai de gare, elle languit, sa robe virevolte. Son rendez-vous est en retard. Au loin le train esquisse la destination. Son visage fuit l’objectif, on ne sait pas si elle rie ou si elle pleure. De toute façon il est trop tard, elle prend le rainbow bridge et file vers un crépuscule cendreux. Le film se termine, une affaire d’Amour s’achève et voici que tout vire au bleu. Sur le générique, rien ne défile. Pas une lettre, pas un mot...d’adieu.
Des larmes rétroactives m’aveuglent. La glace embuée de fièvre reflète mon air malheureux. Le rasoir me fait les yeux doux. Je pense à m’ouvrir les veines, mais le miroir réfléchit à nouveau.
L’actrice principale avait une voix lactée. Je crois l’entendre murmurer: "souviens-toi de m’oublier".
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