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Baudelaire et les lucioles page publique
Je sens qu’elle a froid. Je me réveille, me redresse pour fermer la fenêtre mais elle m’en empêche. Elle a sa tête posé sur mes genoux et me regarde, glacée. Sa main cherche la mienne, elle la trouve et le rideau danse sous les caresses du vent.
Baudelaire est dans un coin de la chambre, il claque des dents.
Les yeux pailletés de givre, elle me lance des sourires muets, des sourires plein de "je t’aime", plein de promesses inarticulées. Elle ne dit rien et je m’en fous. Ses yeux sont un livre ou est écrit tout ce que j’ai besoin de savoir. Pendant que je lui parle, elle sert ma main contre sa joue. Ma voix berce ses sens.
Sur le sol, une bougie continue de brûler et dans l’air, comme un parfum de pois de senteur. Elle me chuchotte que mes yeux sont un ciel ou court un millier de petites lunes. Un sourire escalade doucement son visage. Elle s’avance vers moi avec une attitude de féline. Ses doigts rafraîchissent ma nuque, ses petits pieds coulent dans mon dos.
La nuit dégouline sur nos corps.
Au plafond, comme un cortège d’étoiles; un escadron de petites lucioles qui nous invitent à visiter l’espace sur leurs ailes.
Mon front meurt sur sa poitrine. Elle trouve que cette tête et cette clavicule sont fait pour se marier, naturellement.
Elle me berce fort contre son sein; la bougie s’éteint et sa main relâche lentement la mienne.
Je la regarde; elle est endormie, réchauffée...
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