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Journal d'un exil 2 page publique
3 Octobre 1995, Terre.
J'ai dix-ans. J'ai les cheveux et les yeux noirs. Cette année pas d'anniversaire, ma famille humaine est en train de se battre devant le cercueil de la grand-mère. Je n'ai été à l'école depuis deux jours. Tant pis, je n'y apprend rien, on ne m'y comprend pas, et les autres enfants me regardent avec de grands yeux accusateurs. "Elle n'est pas comme nous !" N'avoir personne à qui parler, c'est pesant. Surtout à cet age-là .
J'ai une grande balançoire dans mon jardin, et j'y passe presque tout mon temps libre. Je me balance dangereusement vers le ciel, avec le désir de regagner les nuages. Je m'invente des histoires, où je retrouverais mes amis angéliques, je leur parle et mes ailes sont intactes. Mais je deviens trop grande, et la balançoire n'est plus assez solide. Elle casse sous mon poids. Une manière de me dire : tu n'y peux rien, tu ne remonteras jamais là -haut ! Tu n'avais qu'à y penser avant ! Je sais, mais on ne peut pas comprendre ce à quoi on a jamais gouté. Maintenant que je goute à l'exil, j'aimerais pouvoir etre bercée de nouveau par les fantomes, vivre dans la lumière aveuglante et reconnaitre mes faiblesses. Mais je continue à croire que j'avais raison pour les etres humains. Une race d'irraisonnés, violents et betes. Est-ce moi qui suis entetée ? Ou bien n'ais-je pas encore fait les bonnes rencontres ?
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