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La glace pour l'embrasser  page publique
Le soir. Dans la voiture de Gilles :
« Où est-ce que vous m’emmenez ?
- Ca te dit dÂ’aller faire quelques tours de glace ?
- A la patinoire ?
- Oui. J’ai quelqu’un là -bas qui pourra m’aider à obtenir des renseignements… Mais avant, j’aimerai te montrer quelque chose. -Gilles s’arrête devant un immense bâtiment. Il est orné de nombreux échafaudages et une pelleteuse occupe le centre de la cour. L’immeuble semble vieux et son ancienne couleur cramoisie disparaît sous les coups des pinceaux blancs des ouvriers- Ca ne te rappelle rien ?
- CÂ’est un Ă©tablissement scolaire.
- Mais pas nÂ’importe lequel. CÂ’est le tien.
- Il me semble familier. Mais je nÂ’ai aucun souvenir ici.
- Ce n’est pas grave. Peut-être que d’ici demain, tu auras des souvenirs qui te seront revenus. Allez, viens. On va patiner. »
Cassy ne quitte pas des yeux le bâtiment, jusqu’au virage où il disparait.
Sur la glace. Gilles et Cassy patinent.
« Tu vois ce mec, là -bas ? Il s’appelle Jojo. Il travaille dans les services de communications. Et c’est aussi un petit génie dans le domaine des ordinateurs…
- Vous voulez lui demander de pirater Â…
Il la coupe.
- CÂ’est pour la bonne cause. Il sÂ’agit dÂ’une question de vie ou de mort. -Il lui sourit- JÂ’irai le voir quand il sera seulÂ…
Silence. Ils patinent. Elle se met à patiner en arrière, face à lui.
- Alors votre belle inconnue, vous lÂ’avez revue ?
Ils se regardent.
- Qui t’en a parlée ?
- Personne. J’ai vu votre marque-pages avec la dédicace… -Il se pince les lèvres- Elle est jolie ?
Il la regarde.
- Oui.
- Elle sait patiner ?
- Oui.
- Vous lui avez déjà parlé ?
- Non, je nÂ’ai jamais eu le courage de lÂ’aborderÂ…
- Pourquoi tu ne l’as pas tout simplement invitée à venir boire un verre ?…
Ils s’arrêtent. Il la regarde comme s’il la découvrait. Après un long silence, comblé par la musique de la patinoire :
- Elle aurait accepté ?
- Oui. »
Elle lui sourit et leurs yeux brillent. ILs vont s’asseoir sur le rebord d’une estrade de la patinoire, Cassy et Gilles sont assis l’un à côté de l’autre.
« Tu te souviens de moi, ici ?
- Oui.
- Ca fait longtemps que tu te rappelles ?
- Depuis le jour où je t’ai trouvé dans ma chambre, assoupi.
Il acquiesce de la tĂŞte. Il se met Ă penser tout haut.
- Je me rappelle encore de la première fois où nos regards se sont croisés. C’était à la dernière séance de juin. Ce n’était pas la première fois que tu venais, mais avant tu étais plus jeune… Je me souviens qu’en partant, tu avais plongé tes yeux dans les miens et que lorsque j’avais dit au revoir, ce n’était qu’à toi que je m’adressais. J’ai passé tout l’été à penser à toi et à me demander si un jour je te reverrai. Je te vois encore dans ton jean à pattes d’éléphants… On ne voyait pas tes patins ce qui donnait l’illusion que tu volais… J’étais là à la réouverture de la patinoire et j’espérais que tu serais là aussi. Quelques séances plus tard, tu es venue avec trois de tes amis. Maintenant je sais comment s’appellent deux d’entre eux…
- Mik et Rick.
- Oui. Ce jour là , on a failli se dire bonjour… -Ses yeux s’attristent- Quand je t’ai vue entrer, sur ce brancardier, je t’ai tout de suite reconnue. Et je sais pas, je me suis mis sur pilotage automatique, peut-être pour me protéger ou pour essayer de te sauver parce que je ne savais pas du tout ce qui pouvait t’amener dans mon service. J’étais loin de m’imaginer que ta vie étais aussi compliquée !
Elle sourit tristement.
- Je me dis parfois qu’il vaudrait peut-être mieux que je ne retrouve jamais la mémoire… »
Elle le regarde et plonge dans ses beaux yeux verts. Il se rapproche de son visage, elle baisse les yeux sur sa bouche et il pose ses lèvres sur les siennes. Elle ferme les yeux et l’embrasse.
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