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Dissertation (suite) page publique
Voici le texte que je me suis amusée à travailler pendant deux jours! J'espère que c'est pas trop mauvais...
Cette affirmation pose en réalité la question de la condition humaine : l’homme est-il prisonnier de son destin, captif de son passé ou possède-t-il encore son libre arbitre ? Ce problème peut être abordé selon divers points de vue, les uns plus généraux comme l’histoire, la sociologie, la philosophie et l’autre plus individuel comme la psychologie.
Le passé est jugé à ce point important qu’on l’étudie l’Histoire tout au long du cursus scolaire. Les historiens expliquent d’ailleurs les événements comme étant les conséquences d’épisodes antérieurs ou les causes de faits postérieurs, ce qui tend déjà à démontrer que le passé induit l’avenir. Jacques ATTALI fait dire à l’un de ses personnages dans « La vie éternelle, roman » : « Quand les hommes connaissent leur passé, ils souhaitent façonner leur avenir ». Cette affirmation laisse penser que tout n’est pourtant pas joué d’avance. La connaissance du passé permettrait donc de construire un avenir autre que celui tracé par les événements antérieurs. « L’internationale », chant révolutionnaire, clame : « ... du passé, faisons table rase ! » Cette phrase témoigne de la résolution de construire un avenir à l’opposé même d’un antécédent jugé trop mauvais. De ces deux pôles, l’un exprime la volonté de bâtir sur le passé et l’autre celle de s’en dégager. Pourtant, ces extrêmes sont plus paradoxaux que contradictoires. En effet, l’intention apparente d’ignorer le passé n’est pas un projet négationniste mais bien celui de construire « autre chose » sur base d’une expérience vécue comme insupportable. Que l’on soit révolutionnaire ou non, le passé détermine bien les actes du présent et de l’avenir. Le libre arbitre consisterait alors en la possibilité du choix d’un avenir se référant au passé. D’ailleurs, les historiens eux-mêmes confrontent leurs connaissances à des découvertes récentes et font parfois une relecture des événements historiques à la lumière de nouvelles preuves. Il s’agit là de révisionnisme, sans lequel l’étude historique serait fossilisée, à ne surtout pas confondre avec le négationnisme qui nie un événement qui a pourtant bien existé, à savoir la Shoa. A leur façon de nier le passé, les négationnistes ont la volonté de le revivre avec un projet de meurtre. L’ignorance, la négation du passé condamne les hommes à le revivre. Sa connaissance permet de choisir différentes voies.
Du point de vue sociologique, on remarque que les hommes naissent dans une culture, vivent et meurent parfois dans une autre. Dans ce cas, on observe plusieurs phénomènes qui s’apparentent bien au sujet qui nous préoccupe. Quelquefois, il arrive que les immigrés fassent l’objet d’un rejet pur et simple ou rejettent eux-mêmes une culture qui les choque. On assiste alors à un réflexe de fausse protection se manifestant par un repli identitaire aboutissant à la xénophobie, au racisme, à l’extrémisme religieux. C’est ce que Amin Maalouf appelle les identités meurtrières. Dans ce cas de figure, tant les autochtones que les allochtones sont prisonniers de leur passé. Parfois, il arrive aussi que le rejet ne se joue pas sur un mode guerrier mais plutôt sur celui de la pression. Certains acceptent la présence d’immigrés à condition que ceux-ci oublient ou renient leur culture d’origine pour se fondre dans celle du pays. On parle alors d’assimilation et de son complément l’acculturation. Le discours « assimilationiste » semble tolérant en apparence mais est tout aussi violent que le rejet avéré car il ne reconnaît pas les droits de l’autre à être différent. Or, on observe que les personnes acculturées sont en situation précaire, s’adaptent mal à leur nouvelle culture et retombent dans le repli identitaire avec son cortège de malheurs. Heureusement, il y a une troisième voie, celle de l’intégration, c’est-à -dire l’alliance entre la connaissance et l’épanouissement de sa culture d’origine à la découverte et à l’acceptation de celle d’accueil. Il ne s’agit donc pas de renier son passé mais au contraire de l’intégrer au présent pour construire l’avenir.
D’autre part, on sait que l’homme a conscience de sa fin. Sa mort est son avenir ultime. Pour vivre avec cette angoisse insupportable, il se projette dans l’avenir en faisant des enfants et en transmettant à ceux-ci ses valeurs morales, sa culture, son expérience et donc son passé (le sien et celui des générations précédentes). L’idée de la mort ne constitue plus un obstacle infranchissable car la pérennité est alors un lien entre les générations (passées, présentes et à venir). Certaines cultures insistent particulièrement sur le souvenir et la transmission. Dans le Talmud, un des principaux livres du judaïsme, il est dit : « se souvenir du passé, pour vivre le présent et construire l’avenir » et encore « souviens-toi ». Ces deux phrases, entre des milliers d’autres, ont permis et la cohésion, et donc la survie, d’un peuple minoritaire longtemps persécuté.
Enfin, les psychologues s’accordent à dire qu’une personne se construit sur son passé. Quels sont les risques pour un enfant battu de se retrouver lui-même bourreau, quelques années plus tard ? On sait qu’un traumatisme se transmet sur au moins 3 générations : celui qui subit le traumatisme le transmet soit en le reproduisant purement et simplement car il n’a pas appris autre chose, soit en l’occultant (Il n’en parle pas mais pose des actes symboliques). Les générations suivantes entendent leurs paroles, voient leurs actes et les associe à leur propre expérience. Parfois, ils essaient même de guérir le traumatisme de leurs aînés. Ainsi, quelqu’un dont les parents ou grands-parents ont vécu dans la misère peut très bien décider de « compenser » leur disette en devenant boulimique et obèse.
Mais alors le libre arbitre existe-t-il ? Ou n’est-ce une illusion ? Si le passé détermine le futur, il ne peut s’agir que du futur immédiat. A nous alors de réagir comme bon nous le semble et d’influer ainsi par notre libre arbitre sur le cours des choses.
Ces étranges possibilités qui résident en nous tendent à confirmer que le passé est déterminant pour le présent et l’avenir de chaque homme, qu’il s’en sorte ou non, avec ou sans libre arbitre. Il existe cependant un moyen de ne pas subir l’avenir comme un destin inéluctable, et implacable : l’étude, la communication et le travail sur soi.
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