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Journal d'une Surchauffée du Bulbe Journal intime créé par Morpheen

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Ce journal est partiellement publique
Journal public


Préface
 Surefficience Mentale et probable Autisme
 Petite enfance, Pétales au Vent
 Ecole enfantine dans le Jardin des Ombres de la précocité
 Ecole primaire, le cauchemar commence
 Ecole secondaire et début des mauvais choix
 Le choix le plus merdique de ma vie
 Ma vie est un Bouquet d'Épines
 Fleur Captive sous un Dôme de Verre
 QI de 143 ou les Racines du Passé
10   Peur de Penser - un poême écrit il y a quelques années
11   Je suis la Pierre du Chemin
12   HackerSpace
13   Autisme ?
14   Un Skinhead dans la famille ?!
15  Achevez-moi, la souffrance est trop forte
16   Je ne sais pas qui je suis
17   Pensées Parasites - Brain Overload
18   Les Gros Thons
19   Ne pas dire = mentir ?
20   Alors, suis-je Aspie ?
21   Curieuse de savoir pourquoi
22   Je suis bizzard...
23   La Mort dans l'Âme
24   Bypass gastrique
25   Où est le bouton off ?
26   Où est mon âme ?
27   Mes grands talents d'oratrice
28   Je ne suis pas méchante, alors pourquoi ?
29   Hiroshima après la bombe et paresse pathologique
Achevez-moi, la souffrance est trop forte      page publique

J'aime énormément ma famille. Si je ne me suis pas encore suicidée, c'est pour ne pas les faire souffrir encore plus.

J'en suis arrivée au point d'angoisser à l'idée d'entendre mes parents me parler ou de les savoir dans la maison en même temps que moi. Surtout maman en fait. Depuis quelques mois elle dort dans l'appartement au-dessus du restaurant qu'elle a repris en mai de cette année, cet éloignement est un grand soulagement pour moi.

Rien que son regard me blesse.Et ses mots sont une torture, même quand ils ne me concernent pas. Sa souffrance me détruit personnellement. Sa dépression est un fléau qui anéantit ma vie.

Rien que de penser à ma mère, j'en ai les larmes aux yeux. Je l'aime...Elle m'inclut dans ses problèmes, mais je ne lui ai rien fait de mal pourtant. C'est avec mon père et ma soeur qu'elle a des ennuis, ces 3 dernières années.

Ma mère a eu une enfance difficile. Orpheline à 5 ans, elle a été élevée par des « bonnes soeurs » dans un couvent où elle a été battue jusqu'à ses 15 ans. Elle manquait tellement d'amour et elle en avait tellement à revendre qu'elle a toujours tout fait pour nous, sans jamais penser à elle-même. L'altruisme incarné. Elle nous a toujours dit que quoi qu'il arrive, elle nous aimerait et qu'elle aime de façon égale ma soeur et moi, qu'elle ferait tout et n'importe quoi pour nous (et c'est d'ailleurs ce qu'elle a fait).

Moi j'ai passé toute ma vie à essayer de lui plaire, de la rendre fière comme quand j'étais petite, de ne pas la décevoir et d'être là pour elle. Ma peur panique de décevoir est pour moi une obsession et j'ai tellement bousillé ma vie jusqu'à maintenant que je ne peux plus me regarder dans le miroir tellement j'ai honte de ne pas être à la hauteur, tellement je culpabilise.

Elle n'arrête pas de dire qu'elle a été terriblement déçue par mon père, ma soeur et moi et qu'elle est persuadée qu'on la déteste.

Je lui ai demandé à plusieurs reprises ce qu'elle attendait de moi, parce que je sens qu'elle est en attente de quelque chose de ma part, c'est une évidence. Elle me répond "Rien" d'un ton sec.

Quand j'ai envie de la prendre dans mes bras, elle me repousse et me dit "Ne te sens pas obligée".

(Ca y est, là je pleure.)

Elle n'a pas compris que la consoler est pour moi un prétexte pour lui faire un câlin, parce que je n'ose pas autrement. Avant la venue au monde de ma soeur, notre relation était fusionnelle. Et on avait une bonne complicité par après.

Il est arrivé plusieurs fois, quand je lui demande comment elle va, de commencer sa phrase et de s'arrêter en plein milieu pour me dire « Oh non de toutes façons tu t'en fiches. ». C'est pour moi comme un coup de poignard.

Que s'est-il passé ? Pourquoi est-elle persuadée que je la déteste alors que de la famille je suis la seule à l'écouter pleurer des heures entières et à lui prêter mon épaule.

Même si dans le fond c'est ma petite soeur qui a foutu la merde dans la famille, j'ai la sensation qu'elle aurait préféré que je sois comme elle. Je suis tellement désolée de ne pas être ma soeur, qui est tout ce que je ne suis pas: mignone, débrouillarde, à l'aise en société, dynamique et dans le fond très attachante.

Enfant, quand ma mère me regardait c'était pour me dire de me tenir droite, de marcher comme il faut, de ne pas me goinfrer, de me taire pour éviter de faire une gaffe. Ces remarques là m'ont toujours blessée, dans ma peur de décevoir. Mais il y avait toujours une pointe de fierté et son regard débordait de malice et d'amour.

Mon air empoté, ma maladresse et mes questions incessantes l'ont toujours agacée. Mon manque d'indépendance et mes projets lui ont toujours fait peur. Et elle a toujours dramatisé la moindre mauvaise note, la moindre mauvaise appréciation, le moindre petit problème.

Depuis toute petite j'entends ces phrases sans doute anodines mais qui sont vraiment très blessantes pour moi: "Qu'est-ce que je vais faire de toi ?"; "Qu'est-ce que tu vas devenir ?"; "Est-ce que tu seras capable de te débrouiller seule un jour ?"; "T'es malade ou quoi ?"; "Arrête de trop t'écouter !"; "Mais arrête, les gens vont croire que t'es folle !" etc...

Trois fois seulement dans toute ma vie elle a eu de quoi m'en vouloir personnellement et j'en culpabilise à m'en rendre malade:

Quand je lui ai reproché ma prise de poids parce qu'à force de me répêter que j'étais grosse, je suis passée par une phase d'annorexie qui a tourné en boulimie pour finir en hyperphagie.

Quand je me suis emportée, adolescente, et que par chat avec ma petite soeur j'ai explosé parce que je trouvais qu'elle m'étouffait sous les remarques lapidaires (j'ai peut-être aussi pas mal exagéré lors de cette conversation...). Sur le coup de la colère et de la frustration, j'ai dit des choses pas très gentilles. Et je lui avais raconté 2-3 petits mensonges pas très importants, pas des choses grâves mais qu'elle a dramatisé à l'extrême. J'étais juste une ado...c'est la période des "petits travers" après tout, non ?

Elle est tombée sur cette conversation parce qu'elle a été fouillé sur mon ordinateur. D'ailleurs c'est une manie chez elle de ne pas me faire confiance et de fouiller ma chambre, mon natel, mon ordi, d'ouvrir mon courier, mes armoires, mes tirroirs et d'en vider le contenu sur le sol si c'est pas assez bien rangé à son goût.

Elle n'arrive toujours pas à comprendre que si j'ai en horreur l'idée qu'elle entre dans ma chambre et que je suis agressive quand elle le fait, c'est parce que pour moi c'est une intrusion, une véritable agression. Je n'ai rien à cacher. En plus quand elle entre elle regarde partout et a toujours un commentaire à faire sur l'ordre.

D'ailleurs, même mes amis je ne les fais jamais entrer dans ma chambre. Et mes petits amis, franchement ça me dérangeait. Je dirais même que c'était angoissant pour moi de les laisser dormir avec moi dans MA chambre.

Et la troisième fois, c'était quand un jour elle m'a surprise à choper 20 francs dans son porte-feuille...Bon je ne veux pas me chercher d'excuse mais étant sans emploi et n'ayant plus le droit au chômage, sans revenus pour aller à mes cours d'informatique, ce jour là il me manquait de quoi payer l'essence. Ma mère dormait sur le canapé et c'était trop tentant...mais que celui qui n'a jamais fait de bêtise de sa vie me jette la première pierre ! J'ai fait beaucoup d'autres bêtises répréhensibles dans ma vie mais j'estime qu'élever un rat en cachète ou ramener un chat d'un refuge pour animaux sans permission n'est pas aussi dramatique que de se droguer. Et puis ces autres bêtises que j'ai faites, ne la concernaient pas directement et donc ne devaient pas être blessantes pour elle...

Voilà, c'est tout ce que ma mère a à me reprocher.

Les raisons qui font qu'elle se fait du soucis pour moi sont différentes. J'ai un début de diabète, des apnées du sommeil, un début d'artrose (ça ne touche pas que les vieux, mon père en a depuis ses 20 ans...), une insuffisance rénale et des kistes ovariens qui me rendent stériles et provoquent un dérèglement hormonal à cause de mon obésité morbide. 3 ans et demi de procédures et on ne m'a toujours pas opérée de l'estomac...Et il y a ma situation professionnelle qui l'angoisse. Et ça fait 2 ans que je n'ai pas de copain, sans parler de ma faible vie sociale et de mon isolement. Mais ces soucis, c'est à moi de les porter, pas à elle. J'en souffre énormément.

Ma famille est très loin de s'imaginer ce qui se passe dans ma tête. Depuis que j'ai compris que mon hypersensibilité et mon empathie avaient tendance à agacer, je cache ce que je ressens.

Comme une éponge, je m'impreigne du mal-être ambiant de ma famille et de leurs souffrances personnelles que je vis comme si elles étaient les miennes. Tout cela me pourrit la vie. J'ai très peur. J'apréhende chaque nouvelle méchanceté de ma soeur, j'ai peur que papa nous abandonne mais surtout j'ai terriblement peur que maman se suicide, disparaisse sans laisser de trace ou meure à cause de son état.

Ses principaux sujets de conversation sont son humeur, ses soucis, ma paresse, mes maladresses, les choses que je devrais faire ou pas faire, dire ou pas dire, ses soupçons sur un complot entre ma soeur et moi, ses problèmes avec papa, ma soeur qui lui manque, mon poids, mes dépenses (selon elle, je dépense trop et elle est persuadée que c'est pour m'empifrer, si je ne perds pas de poids c'est sans doute pour ça selon elle), mon échec cuisant à l'école d'informatique, mes problèmes à retrouver un emploi et la galère financière dans laquelle je les mets, si j'ai des nouvelles de ma soeur, sa certitude qu'on ne l'aime plus et qu'elle ne trouve plus du tout de soutien et de réconfort dans sa propre famille.

Et avec mon père, je n'ai que très rarement des discussions profondes. C'est une sorte de pudeur de sa part, ça a toujours été comme ça. Il s'ouvre beaucoup plus à moi ces derniers temps, mais c'est pour me raconter ses difficultés à dialoguer et à se rapprocher de maman, ses angoisses et sa profonde culpabilité pour sa crise de la cinquantaine. Mais il essaie de soutenir ma mère et se plaint lui aussi que je coûte cher en factures médicales et que ces procédures sont lentes et que ça commence à bien faire, que je tarde à trouver un emploi, que je suis grosse fainéante et asociale.

Quand à ma soeur, on parle rarement et on ne parle que de banalités. Je n'arrive pas à percer sa carapace, elle refuse de s'ouvrir.

Mon meilleur ami ? Depuis qu'il a sa copine à l'autre bout de l'Europe, j'ai de moins en moins de ses nouvelles et il projette de s'installer avec elle dans son pays. Je le perds. Je n'ai jamais autant aimé quelqu'un que lui et je donnerais ma vie pour lui. Je damnerais mon âme pour être à la place de sa copine, je vendrais même mes organes en échange d'un seul et unique regard amoureux de sa part m'étant destiné. Il n'est pas au courant de mon amour pour lui et ne le sera jamais, je me garde bien de le lui montrer. De toutes façons je n'ai aucune chance, je suis le contraire de son type de fille. Je le perds. C'est comme une petite mort intérieure pour moi.

Le reste de ma vie sociale se résume à une fille qui s'autoproclame mon amie et passe son temps à faire de méchantes remarques sur mon physiques et s'attaque à mes points faibles mes points faibles, je la vois de temps en temps pour la forme parce qu'elle m'a nommée maraine de sa fille, mais je suis un phénomène de foire très amusant pour elle, et son faire-valoir. Deux filles sympas mais quelconques que je vois une fois de temps en temps mais avec qui j'ai tendance à m'ennuyer. Une copine de beuvrie que je vois en tout 3 fois par année. Et un contact sur Internet avec qui j'ai de longues discussions mais que je ne rencontrerai probablement jamais.

Je me sens si détestable, si médiocre. Je ne mérite pas d'être une source de souffrance pour mes parents.

J'attire à moi la souffrance, j'absorbe celle des autres et je la provoque chez ceux que j'aime. Moi qui était une enfant tellement désirée par mes parents, je suis un fardeau maintenant.

Je ne veux plus penser. Je ne veux plus ressentir. Je ne veux plus exister.