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Je ne suis pas méchante, alors pourquoi ?  page publique
Quand j'étais en apprentissage de commerce, les filles de ma classe ne m'adressaient la parole que pour me railler ou carément m'agresser. Je me suis rendue compte qu'elles m'ont tendu beaucoup de pièges dans lesquels je suis tombée systématiquement parce que je comprends rarement les sous-entendus...ça a dû beaucoup les amuser. Elles devaient me prendre pour une espèce d'attardée. Et dès que j'essayais de prendre part à une conversation normale avec elles, elles me disaient des choses du genre «mais tais-toi, tu nous donnes mal à la tête ; mais oui mais oui c'est bon on a compris... » où alors elles se regardaient en riant. Pourtant quand quelqu'un avait besoin d'un mouchoir, d'une feuille, d'un renseignement ou d'autre chose j'étais là. J'ai toujours été là. Mais j'étais la pierre du chemin.
Et pour le groupe d' « amis » que j'avais à l'époque et qui m'ont chassé, je prends conscience de ce que je faisais de faux. Il m'en aura fallu du temps pour comprendre que les gens n'aiment pas qu'on les corrige quand ils se trompent ou que ça les agace terriblement quand on essaie de leur apprendre quelque chose d'un sujet dont ils parlent et ne maîtrisent rien. Et je n'étais pas l'amie idéale pour eux : des fêtards qui passent leur weekends en discothèque ou dans les bars n'ont pas à s'encombrer d'une nerd qui déteste le bruit, la lumière et les foules, les people, la mode et les commérages. Et quand les gens veulent du réconfort, moi je leur apporte des solutions pratiques à leurs problèmes et manifestement ce n'est pas ça non plus qu'ils recherchent. Mais j'étais celle qui était toujours là, dans n'importe quelle situation et j'aurais tout fait pour eux et je pense en avoir fait beaucoup trop au final. J'abandonnais tout et je séchais les cours ou me portais malade au travail quand l'un d'entre eux avait besoin d'aide. J'étais la pierre du chemin.
Quand je pense à la dépression terrible par laquelle je suis passée en grande partie à cause de mes problèmes relationnels et mes troubles d'attention, ça m'inquiète encore plus pour mes proches.
Je suis très inquiète, c'est le cas de le dire. Hier, ma mère a du emmener ma petite soeur aux urgences psychiatriques. Ca n'allait pas du tout, dès le réveil elle a fait une crise de larmes incontrôlables, incapable de s'arrêter jusqu'à ce qu'elle ait eu droit à un anxiolitique. C'est à dire en début de soirée. Et le poids de ma mère continue de baisser alors qu'elle est déjà très maigre maintenant. Et je n'ai vu mon père que 10 minutes cette semaine, le soir de mon anniversaire. Je suis la pierre du chemin.
En parlant de mon anniversaire...mon meilleur ami m'a donné signe de vie pour me le souhaiter et depuis silence radio. Et les deux filles dont je suis les plus proches, elles par contre m'ont oubliée. Je suis la pierre du chemin.
Finalement les seuls qui ont réellement marqué le coup, ce sont mon chef et sa femme, et mes zèbres de l'école professionnelle qui me l'ont tous souhaité et m'ont même fait un petit cadeau. J'ai été vraiment très touchée de leur petite attention et très émue de voir qu'ils ont l'air de bien m'apprécier. Pour une fois je ne suis pas la cible de moqueries ou de harcèlement. Même si je suis à moité invisible, au moins en ce moment je n'essuie pas de méchancetés gratuites. Me verront-ils un jour comme la pierre du chemin ?
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