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Remède page publique
"Pourquoi faut-il que l'amour qui est si doux d'aspect, mis à l'épreuve, soit si tyrannique et si brutal?" W. Shakespeare.
J'étais donc à cette soirée, sans mon invité favori. Je l'attendais, je guettais la porte d'entrée, et je buvais. Son groupe de musique a commencé à jouer, sans lui. Et j'ai donc compris qu'il ne viendrait pas. J'ai alors décidé de profiter quand même de la fête, de mes amis que je n'avais pas vu depuis plusieurs mois, et que je ne reverrai pas avant longtemps. J'ai profité de la musique, j'ai rêvé, j'ai dansé, j'ai bu. Et bien sûr, tout le monde le voit arriver, je me suis laissée aller. Je ne sais plus comment, pourquoi ni quand, mais j'ai fini par me retrouver dans la cuisine, avec une bouteille de whisky, et B. Ce n'est pas n'importe qui. C'est un ami à moi du lycée, taillé comme un roc, beau garçon et adorable, qui rigole avec moi. Et par dessus tout, un des deux meilleurs amis de V.
Bref, je me retrouve là, dans la cuisine, avec le meilleur ami du garçon dont je suis amoureuse. Il me sert à boire, il me caresse les cheveux, et bientôt, il me dépose des baisers dans le cou. La tête me tourne, j'ai des frissons, je me laisse faire. Je me retourne, lentement, je ferme les yeux, et voilà. Le mal est fait et nos lèvres se rencontrent. On se laisse aller, et on ne contrôle plus ce qui se passe. Les gens nous voient par la fenêtre mais je m'en fous. Je n'y fais plus attention, je m'abandonne à la passion, au désespoir, à la déception.
La soirée se termine, les gens commencent à partir. J'arrive dans mon lit exténuée. La tête me tourne, je voudrais rentrer sous terre, je me sens mal, sale, triste. Il faut que je dorme.
En me réveillant, je ne sais plus vraiment où je suis, ce qu'il s'est passé. Je me souviens, je ne comprend pas comment j'ai pu me laisser aller à de tels excès, à de telles erreurs... Un message sur mon répondeur, B, il veut qu'on se revoie, il me demande si j'ai bien dormi et m'avoue avoir apprécié la soirée de la veille.
Après plusieurs tasses de café pour me remettre la tête sur les épaules, je reviens à la réalité. V ne m'a donné aucune nouvelle depuis une semaine. Il n'est pas venu à la soirée qu'on attendait tous les deux, et surtout, il est toujours avec C! Alors je me dit qu'il fallait peut-être que je passe à autre chose. Il serait sans doute plus intelligent de donner à cette histoire avec B une suite.
Nous nous sommes revus quelques jours plus tard. Les retrouvailles ont été assez embarrassantes, ni l'un ni l'autre ne savait comment agir. Finalement, après avoir discuté de tout et de rien, on se laisse emporter une fois de plus et le baiser inévitable se produit. Cette fois, on s'est laissé porter jusqu'au bout. C'est différent, il y a de la passion, une connexion. On se laisse tellement emporter qu'on ne s'est même pas protégés... Je sais, c'était dangereux, mais tout va bien. J'ai eu tellement peur que quelque chose se passe mal après ça que j'ai toujours fait attention par la suite. Bref, j'ai pensé qu'il resterait dormir avec moi, mais non. Il s'est rhabillé, et m'a dit qu'il allait rentrer chez lui. J'étais déçue c'est vrai, mais je n'y connaissais pas grand chose à ce sujet à vrai dire. J'étais restée pendant près de trois ans avec N, et l'été n'avait été que l'enchaînement d'histoire d'un soir sans avenir. Alors je n'ai rien dit. Je l'ai laissé partir.
Je me suis complètement trompée à son sujet. Je pensais que c'était le début d'une nouvelle histoire qui me ferait oublier tout le passé. Mais en fait tout ce qu'il voulait, c'était me culbuter. J'essayais de faire marcher les choses, mais je n'avais que peu de retour. On s'est revu deux fois, et chaque fois il venait chez moi en métro, on couchait ensemble, et il repartait à pied après. Je ne comprenais pas, j'y mettais tout mon cœur, et lui ne pouvait même pas me proposer un café, même pas un mot gentil. J'étais perdue. Le soir de notre troisième rendez-vous, j'étais prête à le recevoir lorsque j'ai reçu un SMS de B. Il disait avoir réfléchi à propos de nous deux, et qu'il sentait que ce n'était pas une bonne idée, qu'on était mieux amis. Je n'ai pas très bien compris. Je me donnais corps et âme dans cette relation, et lui n'avait même pas voulu me montrer un peu de reconnaissance. Tout était fini, comme ça. J'avais placé tellement d'espoir en lui, que je m'y suis perdue. Je lui ai répondu que je comprenais et qu'il avait raison, mais je n'y croyais pas une seconde. J'étais seule, de nouveau. Je n'avais plus aucune nouvelle de V. et je savais qu'il était toujours présent en moi. Je ne savais même pas s'il était au courant de mon histoire brève avec B, et j'espérais que non, mais après tout, il fallait que j'assume. J'avais fais une grosse erreur, et je m'en rendais compte de plus en plus.
V est parti dans la Loire pour ses études, et je ne l'ai plus revu pendant longtemps. J'ai beaucoup voyagé moi-même pour mes études, et j'ai essayé de l'oublier. Je me suis jetée dans le boulot, ça a payé c'est sûr, mais lui demeurait dans mon esprit. J'ai rencontré d'autres hommes, j'ai même failli tomber amoureuse, mais personne n'égalait V. Il était et demeurerait celui avec qui je voulais être.
Je ne savais même pas si je le reverrais un jour, mais je l'espérais, je priais.
Ma prière serait exaucée, quelques mois plus tard, mais l'histoire est loin d'être terminée...
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