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Oui page publique
Il est venu. Il ne m'a pas posé de lapin cette fois. Il est venu.
J'ai ouvert la porte. Il était là. C'était lui. Devant ma porte. Le sourire aux lèvres, les mains dans les poches, les yeux plus bleus que jamais. Magnifique. Un dieu. Et j'ai su.
Oui j'étais amoureuse de lui. Oui il était toujours aussi beau que dans mes souvenirs. Oui il avait toujours autant de charme. Oui mon cœur s'emballait encore lorsque nos yeux se croisaient. Oui son parfum me faisait tourner la tête. Oui je l'aimais.
On s'est fait la bise, j'en ai eu le tournis. Il m'a dit qu'il était content qu'on se revoit.
Un verre… Il me parle, je le regarde dans les yeux. Ça fait tellement longtemps que je n’ai pas pu plonger mon regard dans ses yeux bleus. Il rit, on se taquine. J’ai l’impression d’avoir 14 ans à nouveau. Il y a six ans. Six longues années.
Deux verres… Les photos, les souvenirs. On se raconte, on se souvient. Il me raconte des histoires, des voyages. J’en rêve. Je l’écoute avec attention, je ne peux pas détourner mon regard du sien, je suis hypnotisée. Pourtant je me détache, je ne peux plus le fixer, j’ai l’impression de me noyer. Il n’a pas changé, il est resté le même V que celui que j’ai rencontré et aimé il y a six ans. Je suis de nouveau là-bas, je me revois à cette époque, on était beaux. On le serait encore.
Trois verres… On parle musique, on écoute les vieux tubes qu’on aimait à l’époque. On parle de lui, de sa guitare, de son piano. Le piano… On le met en marche, on s’amuse. La complicité revient, on dirait qu’on ne l’a jamais perdue. On se touche, on se frôle. C’est électrique, excitant. Nos regards se croisent, on rit. Et la musique l’appelle, il se laisse envahir. Je le regarde, je suis incapable de faire un geste. Ses mains volent sur le clavier. Je retiens ma respiration. Il m’envoûte, il me captive. Je ne pense plus, je ne réfléchis plus, je ne comprends plus rien. Je veux juste l’écouter, encore. Je ne veux pas qu'il s’arrête.
Quatre verres… On retourne vers le canapé, on sent que quelque chose a changé. L’air est lourd, il y a de l’électricité. J’ai la tête qui commence à me tourner, et l’odeur de son parfum m’enivre. Je n’arrive plus à me concentrer. Ses yeux pétillent, ils essaient de me dire quelque chose. Alors je ne pense plus, je me rapproche de lui, il tourne son regard vers moi. Je dépose un baiser sur sa joue. Elle est douce, je dois fermer les yeux un instant pour ne pas perdre l’équilibre. Quand je les rouvre, je vois que c’est lui qui a fermé les yeux. J’aurais aimé les regarder encore, m’y plonger encore. Je dépose un autre baiser sur sa joue, je le sens frissonner. J’hésite un instant, puis je m’approche de ses lèvres. Je l’embrasse, à peine, juste pour goûter à sa bouche. Je la connais, je la reconnais, j’ai l’impression de ne pas l’avoir oublié. Il se laisse faire, il me laisse faire, et je continue à l’embrasser tendrement. Je passe ma main dans son cou, il pose la sienne dessus. C’est chaud, c’est très doux et tendre. J’ai l’impression de fondre. Il se tourne vers moi, et me prend dans ses bras. J’ai le cœur qui bat si fort, j’ai l’impression qu'il peut le sentir. Il m’embrasse en retour, je me laisse aller. Je sens sa main sur ma joue, ses doigts dans mes cheveux. Tout est tendre, et hésitant. Sa langue vient chercher la mienne, ses dents se referment sur ma lèvre inférieure. Il m’attire, il me serre contre lui, il fait chaud, je sens son cœur battre contre le mien.
C'est alors que tout devient flou. On se laisse emporter, on est seuls, seuls au monde. Plus rien ne compte que cet instant. Tout devient moite, humide, chaud. Je me sens bien. Incroyablement bien. Il me sourit. Je suis aux anges. Ses yeux plongent dans les miens, je le serre contre moi. Je ne veux pas le laisser partir.
"Je t'aime moi non plus" dirait Gainsbourg.
Nous nous sommes endormis dans les bras l'un de l'autre. J'ai passé la plus belle nuit de ma vie. Je n'ai pas réussi à m'endormir tout de suite, il me serrait fort contre lui. Et puis, il ronflait! Ça m'a fait sourire. Lorsque j'ai enfin sombré, ce fut pour être réveillée quelques heures plus tard. Dans mon sommeil je m'étais dégagée de ses bras, et je sentais qu'il m'attirait de nouveau à lui. J'ai souri. Il dormait encore. Il ne ronflait plus.
J'étais bien. C'était chaud, tendre. Son parfum m'engourdissait l'esprit.
Le lendemain matin, on a été réveillé très tôt par la lumière du jour. Je n'avais pas fermé les rideaux la veille.
Il y a eu quelques minutes embarrassantes, puis on s'est levé. On a rigolé. On s'est rhabillé, et on s'est pris dans les bras.
Il est parti. Je voulais qu'il reste. Il m'a embrassé avant de partir. Je voulais qu'il me dise qu'il m'aime. Je me suis retrouvée seule. J'étais heureuse. Et triste.
J'ai reçu un SMS une petite heure plus tard. Il me disait être bien rentré, et me remerciait. Il avait passé une excellente soirée.
Je me suis demandée si je rêvais. Je venais de passer la plus belle nuit de mon existence. Avec l'homme que j'aimais.
C'était le paradis. Temporairement.
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