 Journal public |
|
| |
Non page publique
Après cette horrible soirée, j'ai eu du mal à me remettre. Je ne sortais plus, je ne mangeais plus. J'ai recommencé à prendre des pilules pour me calmer, et à boire des litres de café pour me secouer. C'était mon rythme. Je suis retournée en cours, je n'en avais aucune envie. Cette année, j'étais dans une classe séparée de toutes mes amies. Bien sûr je connais des gens ici aussi, mais c'est différente. Me lever le matin a été une torture à cette époque. En plus des montagnes de boulot qui m'attendaient chaque soir, j'étais au fond du trou. Je n'ai rien dit à V. Je voulais toujours qu'il vienne me voir à la Toussaint pour les vacances.
Lorsque celles-ci sont arrivées, j'ai attendu quelques jours avant de lui envoyer enfin un texto. Je lui demandais s'il était toujours d'accord pour passer par chez moi. J'étais en cours, il a mis quelques minutes à me répondre, j'étais sur des charbons ardents. Quand il m'a répondu, j'ai regardé mon portable discrètement: il me répondait que ce n'était plus une bonne idée qu'on se revoit. Je lui ai demandé pourquoi, bien que je me doutais de la réponse qu'il allait me donner, et ça n'a pas loupé. Il m'a dit qu'il était au courant, que A lui avait tout raconté, et qu'apparemment ça me tenait donc beaucoup plus à cœur qu'on se voit qu'à lui. Je ne sais plus très bien ce que je lui ai répondu, mais je sais qu'il m'a dit qu'il était désolé. J'ai craqué. En pleine journée de cours, je me sentais mal, j'ai bu près de quatre café en prenant mes pilules. Mes amies m'ont réconfortée, mais rien de ce qu'elles ne pouvaient dire me faisait aller mieux. Je voulais mourir, vraiment.
Je suis rentrée chez moi le soir avec une montagne de boulot pour le lendemain. J'ai claqué la porte, et ouvert ma bouteille de rhum. Ça m'a fait du bien. Ma meilleure amie est passée me voir, elle a essayé de me remonter le moral mais il n'y avait rien à faire. L'alcool aidant, je me suis endormie rapidement.
Les jours qui ont suivis étaient horribles. Je n'arrivais pas à me concentrer en classe, je ne pensais qu'à V, rien qu'à lui. Je ne pouvais pas croire qu'il m'envoie chier comme ça. Pourquoi? Pourquoi est ce qu'il ne veut pas de moi?
Petit à petit, je suis arrivée au stade où j'en suis à présent. J'ai compris quelque chose sur moi, et je ne cherche pas à le combattre. Non. Je suis d'accord avec l'idée de vivre comme ça. Je sens que c'est ce qui m'attend. Je n'arrive pas à effacer V de mon esprit, de mon cœur, et je pense que je n'y arriverais jamais. Tant pis. Je suis fatiguée d'essayer de toutes façons.
Il y a des choses plus importantes dans la vie que sortir et rencontrer des mecs pour en oublier un autre. Mon objectif c'est réussir professionnellement, j'ai l'intention de me donner à fond. Mon deuxième objectif, c'est de me remettre au sport. Et ça j'ai déjà commencé. Ça me manquait trop, mais ça fait du bien d'avoir repris.
Bref, j'ai l'intention de prendre soin de mon corps, et de mon esprit à coup de sport et boulot à fond. Je vais faire les choses pour moi. Et je sais très bien qu'au fond de moi, il y a encore et il y aura toujours V, je ne veux personne d'autre que lui. Je ne voudrais jamais personne d'autre que lui. Je n'ai besoin de personne d'autre que lui! C'est le seul qui serait capable de m'apporter de que je cherche, ce dont j'ai besoin! Je sais que je n'arriverai jamais à m'en débarrasser, alors j'ai décidé de vivre avec. Peu importe, s'il est dans mon esprit, c'est mieux que rien. Je ne peux pas l'avoir en vrai et bien tant pis, je l'ai en fictif. Dans ma tête, il y est. Dans mon cœur, il y est. C'est mieux que rien. Et si jamais un jour il revient vers moi, je serais prête à l'accueillir bras ouverts, que ce soit pour une nuit ou pour la vie. Rien à foutre de paraître faible ou stupide ou soumise. Avec lui, et pour lui je ferais n'importe quoi, je serais n'importe quoi. Je suis pathétique, mais c'est comme ça. Généralement je ne suis pas comme ça, avec les mecs je fais très attention à ne pas m'attacher, et je suis plutôt du genre à choisir qu'à me laisser choisir, mais pas avec lui. Pour lui, je veux bien descendre plus bas que terre, le laisser me traîner dans la boue. Je voudrais bien même qu'il me haïsse, qu'il me déteste, qu'il m'insulte, du moment qu'il soit près de moi, qu'il pense à moi. N'importe quoi sauf ce silence, cet oubli, cette ignorance qui me pèse. J'en ai mal au cœur. Mais je m'y suis habituée maintenant. Peut-être que je devrais toujours vivre comme ça, mais au moins j'y suis prête.
C'est ce jour là que j'ai décidé d'écrire ce journal. J'en avais besoin, et ça m'a fait du bien de raconter ce que j'ai réellement au fond de moi.
Je l'aime. Je le déteste. Mais je l'aime.
|