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"Quand l'eau de ta bouche remonte au bord de tes dents, je crois boire un vin de bohème amère et vainqueur. Un ciel liquide qui parsème d'étoiles mon cœur" S.Gainsbourg, Baudelaire.
Il est parti. Ce matin. Tôt parce qu'il devait prendre le train pour rentrer chez lui.
Il est arrivé hier soir vers minuit, il sortait juste du concert. Il m'a dit que c'était super. Il ne s'est pas assis sur le même canapé que moi, ça m'a fait rire intérieurement. On a discuté un peu de tout et de rien, comme deux potes. C'était cool. On a soigneusement évité de parler de nos dernières retrouvailles. J'avais laissé la télé allumée, on la regardait à moitié.
Vers 2h30, je tombais de sommeil, avec toute cette semaine de pression qui descendait. Je lui ai dit que j'allais me coucher, qu'il pouvait continuer à regarder la télé s'il le voulait. Il m'a répondu qu'il était fatigué aussi, qu'il allait dormir. Je suis allée me glisser sous ma couette, mais je ne lui ai pas proposé de venir dormir avec moi. Je voulais voir d'abord ce qu'il allait faire. Il s'est installé sur le canapé. Il a pris la couverture supplémentaire. J'étais déçue, mais tout n'était pas perdu. Il m'a dit qu'il mettrait un réveil à 8h, mais qu'il serait sûrement réveillé plus tôt par le soleil puisque je n'ai pas de volets, seulement des rideaux.
J'ai enlevé mes fringues sous ma couette, pour ne garder que mon débardeur et ma culotte. On a discuté à travers l'appart, puis il y a eu un blanc. Je ne sais plus pourquoi. Alors je lui ai demandé s'il ne voulait pas plutôt venir avec moi. Il m'a dit d'accord.
Il est venu se glisser à côté de moi, pas trop près au début. Moi je lui tournais le dos, je ne voulais pas lui donner la satisfaction de me voir faire le premier pas de nouveau. Il s'est rapproché de moi, il a passé son bras autour de ma taille.
On a entrelacé nos doigts. On est resté comme ça un bout de temps. Puis il s'est rapproché encore et il a glissé son visage dans mon cou. Je sentais son souffle sur ma nuque, j'en avais des frissons. Mon cœur battait tellement fort que j'étais certaine qu'il l'entendait. Et puis, brusquement, il m'a attrapée par les épaules pour me faire faire demi-tour et m'embrasser. C'était très doux au début, hésitant. Et puis c'est devenu bien plus intense, plus animal. J'ai fait attention à tous ses mouvements, je voulais les imprimer tous dans ma mémoire. Il me caressait le visage, glissait ses mains dans mon dos ou mes cheveux, il m'embrassait... C'était beau, exactement comme dans mes souvenirs. Je me sentais bien.
On a fini par s'endormir, mais je ne suis pas restée tout près de lui comme la dernière fois. Il fallait lui montrer que la distance, elle existe entre lui et moi. Puisqu'il veut juste qu'on soit "amis avec bénéfices", et bien soit. On le sera. Et donc ça veut dire que mes règles s'appliquent pour lui aussi. C'est mieux comme ça de toutes façons.
Ce matin il m'a embrassée avant de partir, puis il m'a envoyé un message pour me remercier et me confirmer qu'il était bien arrivé.
"Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes" (Voltaire, Candide).
Je me sens bien. J'ai son odeur sur moi. Cette nuit, elle est à moi. Et je la garderais à jamais.
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